S’il existe une élite sensible à la notion de laïcité, la grande majorité de la société reste influencée par l’islam que la Constitution tunisienne désigne comme la religion d’État.
Le référendum de 2022 fait de la Tunisie une république présidentielle accordant un pouvoir presque absolu au président Kais Saied. 2023 a été marqué par des arrestations d’opposants et de journalistes et par des violences contre les émigrés d’Afrique Subsaharienne. L’islam n’est pas religion d’État selon la nouvelle Constitution. Le christianisme est vu comme une religion étrangère.
Face à l’hostilité, aux pressions et aux discriminations de la société, la plupart des chrétiens tunisiens choisissent de cacher leur foi. Il leur est dangereux de partager l’Évangile avec les membres de leur famille, leurs proches, leurs voisins, leurs amis ou leurs collègues. Surveillés par les services de sécurité tunisiens, ils doivent aussi faire preuve de prudence lorsqu’ils se réunissent pour le culte. Les chrétiens de Tunisie sont majoritairement catholiques, mais il y a aussi des protestants et une petite communauté de chrétiens tunisiens d’arrière-plan musulman.
Les églises traditionnelles peuvent accueillir des expatriés chrétiens à Tunis.
Les chrétiens d’arrière-plan musulman subissent une persécution peu visible mais réelle. Ils risquent de perdre leur emploi, d’être rejetés par leur famille, leurs amis et leur conjoint. Ils sont victimes de harcèlement moral voire d’agressions physiques. En général, ils vivent leur foi dans le secret et il est dangereux pour eux de se réunir. Ils sont surveillés par les services de sécurité.
On craint que la persécution ne s'aggrave si le président Kaïs Saïed reste au pouvoir. Les élections législatives de décembre 2022 ont été marquées par une faible participation, et des manifestations ont eu lieu en janvier pour protester contre le contrôle quasi total que le président exerce sur le pays. «Nous constatons que le président change le législatif et le gouvernement du pays pour servir ses propres intérêts», affirme le coordinateur du travail de Portes Ouvertes en Afrique du Nord. «Nous nous attendons à ce que la situation de l'Église se détériore davantage s'il reste au pouvoir.»
Les chrétiens convertis d’arrière-plan musulman craignent les réactions de leur entourage proche, en particulier dans le Sud du pays, plus conservateur. À Tunis, ils peuvent échapper à la pression familiale et vivre leur foi dans l’anonymat d’une grande ville. Des groupes extrémistes sont actifs à la frontière Sud, ils restent prêts à s’en prendre à toute personne identifiée comme chrétienne.
Jusqu’au XIe siècle, il y avait des chrétiens en Tunisie puis ils ont disparu. Le christianisme est réapparu au XIXe siècle avec l’arrivée, dans le pays, de Français et d’autres expatriés chrétiens, catholiques et protestants. Aujourd’hui, l’Église tunisienne croît, en partie grâce à l’accès à internet et aux émissions de télévision chrétiennes.
Les musulmans chiites et bahaïs subissent des restrictions.
Une chrétienne de 50 ans battue par son frère sur dénonciation de ses sœurs. C'est un des exemples de persécution vécus par les chrétiens en Tunisie.
