En 2023, moins de maisons et de magasins chrétiens ont été attaqués par rapport à l’année précédente, entraînant une baisse du score de violence. Le niveau de violence reste néanmoins extrêmement élevé, alors que les chrétiens sont toujours visés par des djihadistes.
John Magufuli, réélu Président de Tanzanie en octobre 2020, était populaire pour sa lutte contre la corruption et les dépenses publiques. Mais face à une opposition grandissante, il était devenu de plus en plus autoritaire, portant atteinte aux Droits de l’Homme et à la liberté d’expression. Il est décédé en mars 2021 et a été remplacé par la vice-présidente, Samia Suhulu.
La Tanzanie est à majorité chrétienne, sauf son archipel semi-autonome de Zanzibar, majoritairement musulman. Jusqu’ici, dans la partie continentale, la cohabitation religieuse était relativement paisible. Mais l’oppression islamique, très prégnante à Zanzibar, gagne les régions côtières continentales. Certains groupes militants musulmans militent pour l’adoption de la charia.
Cette radicalisation islamique est inquiétante, en dépit des fermes réactions des autorités. Le groupe séparatiste UAMSHO, légalement enregistré à Zanzibar, veut instaurer un pouvoir islamique. Il gagne en popularité aussi sur le continent. Cette influence apparaît dans un projet de nouvelle constitution, qui permettrait la création de tribunaux de la charia.
Les églises évangéliques, en forte croissance, sont la cible des extrémistes islamiques. Les chrétiens sont intimidés, exclus, et ceux issus de l’islam sont rejetés par leur famille. À Zanzibar et dans la zone côtière, même à Dar Es Salaam, les chrétiens doivent respecter un code vestimentaire (interdiction de dévoiler une partie du corps) et observer le jeûne du ramadan en public.
À Zanzibar et dans les régions côtières (majoritairement musulmanes), des chrétiens d’arrière-plan musulman ont été chassés de leur domicile familial. Ils restent les plus persécutés et subissent des pressions de leur famille et de leur communauté. Dans ces régions, les chrétiens sont ridiculisés, discriminés et ostracisés.
Les activités des églises restent surveillées par les autorités. Les responsables chrétiens n’osent pas critiquer le gouvernement au sujet de l’injustice sociale, de peur de représailles.
Dans les régions musulmanes, l’administration discrimine les chrétiens. Ainsi, une église a dû fermer bien que remplissant toutes les obligations légales. De même, bien que ce ne soit pas légal, les musulmans qui se convertissent sont harcelés, intimidés, exclus de leurs sphères sociales, chassés par leur famille. Dans l’archipel, l’islam est enseigné dans les écoles publiques.
Le score de persécution dans les domaines de la vie familiale et de la vie sociale reflète le niveau de pression auquel sont confrontés des chrétiens d'arrière-plan musulman.
C’est dans l’archipel de Zanzibar (îles d’Unguja, Pemba et Mafia) et sur la zone littorale incluant Dar Es Salaam que les chrétiens subissent les plus fortes persécutions s’ils révèlent leur foi d’une façon ou d’une autre (par un pendentif par exemple).
Le christianisme, venu avec les Portugais au XVIe siècle, est d’abord resté la religion des colonisateurs, car non transmis aux autochtones. Il ne progressa qu’après la moitié du XIXe siècle. David Livingstone a exploré la Tanzanie pour la Société Missionnaire de Londres. Durant la colonisation allemande de 1885 à 1918, plusieurs sociétés missionnaires luthériennes y ont prospéré.