D’un côté, la famille royale s'attache à présenter la Jordanie comme un pays moderne et multireligieux. De l'autre, la police secrète exerce une pression sur toutes les dénominations chrétiennes par le biais d’une étroite surveillance. Les communautés chrétiennes reconnues par l’État sont relativement libres tant qu’elles s’abstiennent de partager publiquement leur foi. Mais les musulmans n’ont pas le droit de changer de religion.
Ces dernières années, la famille royale a tenté de réformer la société et de prendre des mesures en faveur des minorités religieuses. Elle se heurte aux islamistes extrémistes même si ces derniers sont surveillés de près par la police secrète. L’islam est religion d’État et le nombre de chrétiens ne cesse de baisser depuis l’indépendance en 1946.
La plupart des chrétiens sont catholiques romains ou orthodoxes. Ces chrétiens des églises historiques bénéficient d’une assez grande liberté religieuse à condition qu'ils ne prêchent pas publiquement et qu'ils ne s'adressent pas aux musulmans. Les chrétiens qui répondent aux questions des musulmans sur le christianisme sont menacés.
Toute église qui pratique l'évangélisation ouverte, qu'on soupçonne de soutenir des chrétiens issus de l'islam ou qui n'est pas reconnue va subir diverses pressions de la part des autorités jordaniennes.
Les chrétiens d'arrière-plan musulman courent de grands dangers. Si leur conversion est connue, outre les mesures familiales de rétorsion à subir, tous les documents officiels qu'ils ont signés deviennent automatiquement invalides (y compris acte de mariage, les hypothèques, etc.). Pour un chrétien d’arrière-plan musulman, parler de sa foi à un musulman le met en danger d’être molesté, arrêté et tué.
Beaucoup de chrétiens sont discriminés sur le marché du travail.
Des forces extérieures ont également un impact sur la vie des chrétiens en Jordanie. Les musulmans radicalisés qui ont combattu en Irak et en Syrie sont rentrés chez eux, et un certain nombre d'enseignants musulmans étrangers, salafistes ultraconservateurs, représentent potentiellement un danger pour les chrétiens et les autres groupes minoritaires en Jordanie. Le gouvernement jordanien, inquiet, surveille les sermons dans les mosquées, pour tenter d'empêcher la montée de l'extrémisme.
Peu de choses ont changé en Jordanie cette année. De nombreux chrétiens continuent de pratiquer leur culte librement, bénéficiant de la réputation internationale de société tolérante de la Jordanie. Mais d'autres chrétiens, relégués dans l'ombre, savent que leur foi suffit à leur attirer des menaces et une pression constante.
Dès le Ier siècle, fuyant la persécution exercée contre eux à Jérusalem et à Rome, des chrétiens s’installent en Jordanie. Il y avait des églises sur tout le territoire, elles ont disparu au VIIe siècle. À l’époque des croisades, des catholiques et des orthodoxes sont revenus dans la région. Le protestantisme est arrivé au XIXe siècle.
Musulmans chiites, druzes, bahaïs, mandéens.