Un an après la mort de Mahsa Amini, la répression s'intensifie en Iran contre tous les «dissidents» présumés, dont les chrétiens, qui subissent de nouvelles arrestations et emprisonnements.
Malgré quelques «grâces» accordées çà et là par le régime, la situation des chrétiens d'Iran est loin de s'améliorer. Le 18 septembre dernier, le pasteur Anooshavan Avedian, 61 ans, a été incarcéré à la prison d’Evin dans la capitale pour y passer les dix prochaines années de sa vie. Son crime? Avoir fait de la «propagande contre et au détriment de la sainte religion de l’islam.» Tout cela parce qu’il dirigeait une église de convertis à son domicile. Cet été, des raids de la police dans une dizaine de villes en Iran ont abouti à l’arrestation de près de 70 chrétiens, dont plusieurs sont encore en prison. Certains ont reçu l’ordre de quitter l’Iran, une personne a perdu son emploi à la demande des agents du renseignement iranien...
«Des raids plus agressifs»
Comment analyser ces faits de persécution? Mansour Borji est directeur du plaidoyer d'«Article 18», une ONG de défense de la liberté religieuse en Iran. Pour lui, pas de doute: «Il est évident que l’Iran a commencé une nouvelle politique de restriction des libertés civiles.» Il précise:
«Les groupes traditionnellement les plus vulnérables, comme les chrétiens, sont au premier plan des personnes ciblées.»
Le premier anniversaire de la mort de Mahsa Amini, le 16 septembre 2022, y est-il pour quelque chose? «Il semble qu’il y ait des raids renouvelés et plus agressifs contre les groupes par lesquels le régime se sent menacé», répond Mansour Borji.
Déplacé à 1.500 km de son domicile
Ce durcissement du régime s’est traduit par deux faits de persécution, dont deux autres responsables chrétiens ont fait les frais. Tout d’abord, le pasteur Matthias, incarcéré depuis quatre ans: malgré deux acquittements, il a été transféré cet été dans une nouvelle prison, à plus de 1.500 km de son domicile. Cela le prive désormais des visites de sa femme et de leur fille. Il lui reste deux ans de prison à purger, à moins que sa peine ne soit entre-temps alourdie. Car de nouvelles charges pèsent désormais sur lui: le procureur a notifié à Matthias que deux membres de son église avaient porté plainte contre lui pour «harcèlement». Or ces deux personnes, qui forment un couple, viennent elles-mêmes d’être condamnées à 7 ans de prison pour avoir «propagé un christianisme sioniste»: Article18 suspecte que les accusés ont eux-mêmes été forcés d'accuser leur pasteur pour ne pas perdre la garde de leurs deux enfants.
50 coups de fouet
Quant au responsable d’église de maison Saheb, après avoir purgé une peine de cinq ans de prison, il devait se rendre à Téhéran le 25 juin dernier. Ceci pour récupérer un titre de propriété, qui devait servir de caution à sa remise en liberté. Arrivé dans la capitale, au lieu de récupérer son titre de propriété, Saheb a reçu 50 coups de fouet et l’ordre de partir en exil interne à 1.600 km de chez lui, à la frontière afghane. Heureusement, cette condamnation a été levée entre-temps. Mais le titre de propriété ne lui a toujours pas été rendu! Quant aux coups reçus et au traumatisme subi...
Au milieu de toutes ces nouvelles inquiétantes qui nous parviennent d’Iran, quelques bonnes surprises nous font presque oublier la dureté du régime: le pasteur arménien Joseph Shahbazian a été libéré après avoir été incarcéré 13 mois «seulement». Il est sorti de prison le jour même où Anooshavan Avedian y entrait pour 10 ans! C’est à n’y rien comprendre... Selon Mansour Borji, directeur du plaidoyer d’Article 18, cette situation absurde «prouve la nature arbitraire du système judiciaire en Iran». Car ne nous y trompons pas: la liberté religieuse n'est pas encore d'actualité au pays des ayatollahs.
Source: Article18
Un rapport sur la liberté de religion dans le monde, publié le 1er mai, est accablant. La liberté religieuse en Iran a forte...