L'Ukraine est-elle en passe de vivre à l'échelle nationale les restrictions en matière de liberté religieuse déjà présentes dans le Donbass pro-russe?
Alors que Kiev subit les assauts des troupes russes, on peut se demander si la liberté religieuse est menacée en Ukraine. Si l’on va revenir à la persécution de l’époque soviétique. Ou au moins à des restrictions comparables à celles que connaissent déjà aujourd'hui les régions séparatistes pro-russes du Donbass.
Des restrictions déjà présentes en Russie
Dans les années 1980, l'Ukraine était contrôlée par le régime soviétique athée. Toute forme de témoignage chrétien était interdite. Les bibles étaient rares et précieuses. Et Portes Ouvertes, sur les traces de frère André, en faisait entrer clandestinement en Ukraine par milliers. La persécution semblait avoir disparu en même temps que l'URSS.
Aujourd'hui, la Russie est une République fédérale. Un État laïc dont la principale religion représentée est le christianisme orthodoxe. Mais ces dernières années, le gouvernement a imposé des restrictions légales et des contrôles sur les églises. Des dirigeants ont parfois été confrontés à des interrogatoires.
Cette situation peut-elle s’étendre à l’Ukraine si les Russes réussissent à l’annexer? Même si l'invasion russe réussit, il est peu probable que les églises d'Ukraine subissent un retour à l'époque soviétique. Nous ne devons pas nous attendre à la mise en œuvre de la législation anti-missionnaire russe en Ukraine. Mais il y aurait des restrictions. Les églises pourraient être empêchées d'obtenir des fonds de l'étranger, de recevoir la visite de pasteurs étrangers et de la littérature chrétienne importée.
L’exception du Donbass
On ne doit pas s'attendre à une vague d'arrestations et de détentions. Mais dans les deux régions séparatistes pro-russes d'Ukraine, Donetsk et Louhansk, les églises ont déjà été privées de certaines de leurs libertés: les fonctionnaires ont confisqué la littérature chrétienne et les églises ont été empêchées de se réunir quand les autorités régionales leur ont refusé l'enregistrement nécessaire.
Quant aux dirigeants orthodoxes russes, ils ont souvent désapprouvé la présence d'autres confessions: les baptistes et les catholiques romains. Ils considèrent même l'Église orthodoxe ukrainienne comme une rivale! Une concurrente qui en 2018 a été reconnue par le patriarcat œcuménique de Constantinople comme une Église orthodoxe légitime à part entière, indépendante du patriarcat de Moscou.
Un rapprochement inattendu
Mais contre toute attente, l'invasion semble rapprocher les deux ailes de l'orthodoxie. Et même l'ensemble de l'Église chrétienne en Ukraine. Des déclarations des églises orthodoxes ukrainienne et russe en Ukraine condamnent l'invasion. L'Église orthodoxe grecque et l'Église catholique romaine d'Ukraine disent la même chose. Les baptistes ont demandé la prière. Ils sont tous d'accord sur ce point: aucune des communautés chrétiennes ne soutient Moscou.
Espérons que ce rapprochement des chrétiens consolidera l'Église d'Ukraine et l'aidera à affronter les difficultés présentes et à venir.
Portes Ouvertes ne mène aucune action en Ukraine mais possède des liens historiques forts, depuis l'époque soviétique où nous y distribuions des bibles.
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