Le 26 janvier 2025, les rebelles du M23 ont pris la ville de Goma à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), aggravant encore un peu plus l’état d’anarchie et de désespérance de cette partie du monde. Comment comprendre la nouvelle situation?

Les rebelles du M23 sont un groupe armé de Congolais issus de l’ethnie tutsie. Ils se sont formés en milice en 2012 et tirent leur nom d’un traité de paix signé le 23 mars 2009. «M23» signifie: «mouvement du 23 mars». Leur objectif premier est de défendre l’ethnie tutsie qui avait été victime d’un génocide au Rwanda voisin en 1994, de la part de l’ethnie hutue. De nombreux Rwandais hutus génocidaires se sont enfuis dans l’Est du Congo à la fin du génocide, pour échapper à la justice. Le M23 a donc voulu, dans un premier temps, défendre l’identité tutsie à l’Est du Congo.

Élément agitateur

Mais depuis, le M23 est devenu un élément agitateur à l’Est du Congo, rebelle à l’État congolais lui-même, et en conflit armé avec l’Armée régulière. Son objectif ultime pourrait être de renverser l’actuel président de la RDC, Félix Tschisekedi. Le Rwanda voisin, ainsi que l’Ouganda, utilisent ces rebelles pour déstabiliser l’État congolais et piller en toute impunité son sous-sol riche en minerais. Les entreprises chinoises y sont également bien implantées, pour récupérer, dans ce chaos, les minerais nécessaires à la fabrication des téléphones portables et autres outils électroniques exportés en Occident.

Goma est une ville stratégique, riche en minerais

L’un des premiers chrétiens à avoir dénoncé les exactions du M23 a été le pasteur et gynécologue Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix. Dans son hôpital de Panzi, il soigne les femmes victimes de viol de masse perpétré par les rebelles du M23, entre-autres.

Après une accalmie pendant un certain temps (les rebelles ont été intégrés à l’Armée régulière congolaise pour un temps), le M23 a de nouveau pris les armes en 2021. Ils seraient aujourd’hui au nombre de 6000 combattants. En février 2024, ils ont tenté d’enrôler de force dans leur milice 13 chrétiens. Quand ceux-ci ont refusé, ils les ont brutalement assassinés.

Crimes de guerre

Aujourd’hui, l’instabilité dans cette région du monde a jeté sur les routes de l’exil plusieurs milliers de civils. Le M23 est accusé par la communauté internationale de crimes de guerre et de violations des droits humains (notamment de viols de masse). L’ONU craint une grave crise humanitaire sur place.

Cette situation risque de déstabiliser encore un peu plus les équilibres précaires en Afrique Subsaharienne, où les chrétiens sont déjà victimes de persécutions intenses. L’instabilité risque même de se propager jusqu’à l’Afrique du Sud voisine. Les présidents sud-africain et rwandais s’opposent en effet régulièrement sur la question de l’Est du Congo. Dans ce contexte, la prise de la ville de Goma par le M23 en février 2025 n’est une bonne nouvelle pour personne, et surtout pas pour les chrétiens.