La violence islamiste se déchaîne au Nord du Mozambique, provoquant d'importants mouvements de populations. Les chrétiens, majoritaires, paient le prix fort.
Les chrétiens dans le Nord du Mozambique ont vécu un mois de février particulièrement difficile. Le 12 février, l’église et les bureaux de Notre-Dame d’Afrique ont été incendiés, suite à une attaque terroriste perpétrée contre le port de Mazeze. Un hôpital et un marché ont aussi été détruits.
Trois jours plus tôt, à Cabo Delgado, des terroristes faisant allégeance à l'État islamique ont tué et kidnappé un nombre indéterminé de victimes, provoquant la fuite de centaines de personnes. Ces déplacements internes répétés de population aboutissent à la création, de camps. Les conditions de vie, notamment alimentaires y sont désastreuses: les réfugiés sont contraints de se nourrir d’escargots, et d’une plante locale toxique appelée ntete, à l’origine de plusieurs maladies du sang.
Attaqués, enlevés, décapités
Malgré les conditions de vie dans ces camps de réfugiés, les chrétiens persécutés n’ont parfois pas d’autre choix que d'y demeurer. Le 27 janvier, par exemple, trois chrétiens déjà déplacés dans le village de Pulo sont tombés dans une embuscade. L'un des survivants témoigne: «Sept terroristes nous ont demandé si nous avions vu des policiers ou des militaires. Quand nous avons répondu "non", ils nous ont demandé quelle était notre religion avec nous. Quand ils se sont aperçus que nous étions chrétiens, nous avons dû fuir (pour échapper au pire).» Ces chrétiens ont réussi à s'échapper. Mais tous n’ont pas cette chance. Mario Artur (pseudonyme) est pasteur dans la région de Cabo Delgado. Il raconte un terrible événement. Le 31 janvier, un homme et ses quatre fils étaient partis chasser. Mais ils ont été attaqués par des terroristes islamistes sur leur chemin de retour. Un des fils a été kidnappé, en essayant de défendre son père qui a malheureusement été décapité. Les trois autres fils ont réussi à s’échapper. Ils ont alerté la police, qui n’a jusqu’à ce jour pas retrouvé le jeune homme enlevé. Le pasteur Mario Artur explique:
«Au Mozambique, nous les chrétiens, nous sommes la cible de beaucoup de persécutions. De nombreux croyants sont violés, tués, plusieurs églises et habitations sont détruites.»
Le pasteur conclut: «Récemment, les terroristes islamistes ont donné un ultimatum à la population chrétienne pour se convertir.»
79% de réfugiés internes
Alors, la plupart d’entre eux s’enfuient et se retrouvent dans des camps de déplacés. Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, 79 % de la population est déplacée à ce jour à l'intérieur du pays! Et le Mozambique est inscrit au 39ème rang des 50 pays où les chrétiens sont les plus persécutés. Dans ces camps de réfugiés internes, des pasteurs essaient d’apporter aide et soutien. Mais la tâche est rude. Car l’impact émotionnel des drames vécus est trop prégnant et les syndromes de stress post-traumatiques omniprésents.