Cet été, la pression contre l’église Vie Nouvelle de Minsk est montée d’un cran, alors que la liberté religieuse est battue en brèche en Biélorussie.
L’été n’a pas du tout été propice à la liberté de religion en Biélorussie, un pays qui ne fait pourtant pas partie des 50 pays de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens. La politique religieuse de ce régime post-soviétique se durcit avec pour conséquence une restriction croissante de la liberté de conscience.
Le 20 juin, les bâtiments de l’église Vie Nouvelle à Minsk, la capitale, avaient été rasés par des bulldozers. Depuis, la situation s’est fortement dégradée. Le 25 juin, le site Internet de l’église a été fermé sans préavis, et son contenu a été officiellement qualifié «d’extrémiste» par un juge le 30 août. De plus, une vidéo YouTube et une page Instagram ont aussi été déclarées «extrémistes» par une juge le 23 août. Ceci, alors qu’aucun représentant de l’église – pas même son avocat – n’a été autorisé à entrer dans la salle de délibération.
Vers une nouvelle loi plus restrictive
Le seul dont la présence aurait pu être autorisée, le pasteur de l’église, Vyacheslav Goncharenko (photo), venait juste d'être placé en détention pour 10 jours. Le motif? Un soi-disant «refus d’obtempérer» lors d’une perquisition. Quand on lui a demandé s’il comptait faire appel de ces décisions de justice, le pasteur a répondu: «À quoi bon?»
Le problème est qu’une nouvelle loi sur l’exercice des cultes sera présentée au Parlement à partir du 19 septembre. Elle prévoit que tous les cultes devront resolliciter un agrément pour poursuivre leurs activités. En cas de refus, l’organisme deviendrait illégal. Or, il sera
«Impossible d’obtenir un nouvel agrément si une institution religieuse a été condamnée pour "extrémisme"».
Il est donc probable que l’église Vie Nouvelle soit dissoute dans un avenir proche.
Certes la nouvelle loi n’est pas encore votée. Les citoyens biélorusses avaient jusqu’au 15 juin pour faire part de leurs commentaires aux autorités. Mais le 18 juillet, le gouvernement a finalement annoncé qu’il ne tiendrait compte d’aucun de ces commentaires car ils n’apportaient «rien de nouveau».
Menacé de poursuites au pénal
Dans le même temps, d’autres nouvelles inquiétantes nous parviennent de Biélorussie. En juin le pasteur baptiste Vladimir Burshtyn, âgé de soixante-dix ans, avait été détenu puis condamné à une forte amende (deux mois de revenu). Ceci pour avoir chanté des louanges dans un parc. Cet été, le procureur a menacé de le poursuivre au pénal pour «incitation à la haine raciale, ethnique, religieuse» ou pour «discorde
sociale» s’il recommençait à témoigner de sa foi en public. On lui reproche de ne pas se soumettre à la réglementation sur les «manifestations de masse» quand il parle de sa foi en public.
Interdit de pèlerinage
De son côté, Boris Khamaida, un militant des droits humains grec catholique, a passé deux semaines en prison cet été. Simplement parce que son portefeuille arborait un symbole de l’opposition démocratique au régime actuel. Ce bref emprisonnement l’a empêché de participer à un pèlerinage en mémoire de deux prêtres catholiques exécutés par les nazis. Il ne fait pas bon faire partie d’une minorité chrétienne (protestante, évangélique ou catholique), en Biélorussie aujourd’hui. Ce pays fera-t-il partie des 50 pays de l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens en 2024?
Source: Forum 18