Donya a pu célébrer Noël chez elle... deux heures seulement. Tout un symbole, alors que l'ONU dénonce une détérioration de la liberté de religion en Iran.
Donya (pseudonyme) vit sa foi chrétienne clandestinement en Iran. Pour Noël, elle a participé depuis chez elle à un culte en ligne. Pour cette grande occasion, elle a installé un sapin de Noël, avec des guirlandes. Elle témoigne:
«Je voulais les mêmes décorations et célébration que tout le monde, même pour quelques heures.»
Car, dès la fin du culte, elle a immédiatement rangé son sapin et ses décorations. Elle les a précieusement cachées chez elle jusqu’à l’année prochaine. Il ne faudrait surtout pas que les voisins les voient, et la dénoncent à la police secrète comme «traître»!
Restrictions croissantes
L'histoire de Donya nous montre que même ce qui nous semble anodin peut devenir très dangereux en Iran. À tel point que l’Assemblée générale des Nations Unies a voté une résolution le 15 novembre dernier. Ceci pour dénoncer les violations des droits humains dans ce pays. L’instance onusienne a ainsi exprimé son inquiétude concernant «des limitations sévères et des restrictions croissantes concernant la liberté de pensée, de conscience, de religion et de croyance».
Les auteurs de la résolution se disent très préoccupés «notamment pour les convertis ayant quitté l’Islam». Comme Donya par exemple. Ils dénoncent une augmentation du «harcèlement, des intimidations, de la persécution, des arrestations et détentions arbitraires, et de l’incitation à la haine provoquant la violence.»
Églises de maison clandestines
L'instance onusienne s'inquiète «des restrictions concernant les lieux de culte». Les chrétiens historiquement installés en Iran, d’origine arménienne ou assyrienne, n’ont pas le droit de célébrer leur culte en langue perse. Et les iraniens d’origine musulmane n’ont pas le droit d’entrer dans ces églises. De fait, les convertis iraniens au christianisme sont privés de lieux de culte. Ils se réunissent donc clandestinement dans des «églises de maison». Mais s’ils sont dénoncés ou arrêtés, ils risquent cinq ans de prison.
Les auteurs de la résolution visent tout particulièrement les articles 498 et 500 du Code Pénal islamique en vigueur en Iran:
L'ONU dénonce une «escalade dans la discrimination et la violence infligées aux minorités religieuses reconnues et non-reconnues».
L’article 500 par exemple criminalise la «manipulation psychologique» et le «lavage de cerveau» réalisé par des «sectes». Un article qui a été utilisé, par exemple, contre Milad Goodarzi. Ce chrétien a été condamné à cinq ans de prison pour avoir appartenu à une église de maison. Il a été gracié au bout de trois ans et arrêté de nouveau mi-décembre 2023, avant d’être finalement relâché.
Arrestations arbitraires
Depuis six mois, on compte pas moins de 100 chrétiens arrêtés en Iran dans de telles conditions, dont 69 qualifiés par l’ONU «d’arrestations arbitraires». La plupart ont été relâchés après s’être engagés à renoncer à toute «activité chrétienne» et à participer à des sessions de ré-éducation islamique. Certains ont même perdu leur emploi.
Malgré tout, des chrétiens et chrétiennes comme Donya bravent le danger. Ils sont prêts à installer un sapin de Noël chez eux seulement pour deux heures, pour faire briller symboliquement la lumière dans les ténèbres.