Plusieurs décisions politiques en Inde semblent converger pour les chrétiens. De la Cour Suprême au ministère de la Justice sociale en passant par l’ONU, leur cause semble enfin audible.
Cinquante pasteurs arrêtés dans le Nord de l’Inde au cours du mois de septembre. Telle est la triste conséquence des lois anti-conversion adoptées par plusieurs États. Et ce sont toujours les mêmes charges qui sont retenues contre les prévenus: «activité de conversion forcée». Pourtant, malgré ces chiffres alarmants, l’espoir est permis.
La Cour Suprême mène l'enquête
La Cour Suprême vient d’ordonner au ministère de l’Intérieur de vérifier ce qui se passe dans huit de ces États. En mars, des chrétiens avaient déposé une pétition pour demander une protection policière contre les attaques anti-chrétiennes. Mais le gouvernement avait qualifié cette demande de «non fondée et égoïste». La Cour Suprême a tranché: elle exige de la part du gouvernement des faits précis et vérifiés dans un délai de deux mois. Prochaine audience: le 6 décembre.
Justice pour les intouchables?
Dans le même temps, le ministère de la Justice sociale a nommé une commission. Elle devra réfléchir au système de quotas existant en faveur des «intouchables» (ou «dalits»). Cette commission d’enquête est présidée par K. G. Balakrishnan, ancien président de la Cour Suprême. Pour lutter contre la discrimination traditionnelle dont sont victimes les dalits, la Constitution indienne attribue des quotas. Ils sont réservés aux intouchables dans les universités et la fonction publique. Mais chrétiens et musulmans dalits en sont exclus. Quand un hindou dalit, par exemple, se convertit au christianisme, il ne peut plus prétendre bénéficier de ces quotas.
La commission nommée début octobre devra donc décider si les dalits convertis à une autre religion peuvent continuer à bénéficier des quotas attribués à leur ancien statut.
C’était une demande formulée depuis 2020 par des chrétiens intouchables. Ils n’ont d’ailleurs pas attendu la nomination de cette commission pour faire valoir leurs droits en politique. En mars dernier, une femme dalit, très probablement chrétienne, a été élue maire de la quatrième plus grande ville de l’Inde, Chennai (anciennement Madras). Cette jeune femme de 28 ans serait membre de l’Église évangélique indienne, selon la presse catholique asiatique.
Autre source d’espoir: l’ONU
- Chrétiens, musulmans, et même hindous modérés, ont uni leurs efforts: le 3 octobre dernier, ils ont plaidé la cause des minorités religieuses en Inde auprès de l’ONU. Lors d’un séminaire en ligne, Fernand de Varennes, rapporteur spécial pour les minorités religieuses auprès de l’ONU, a créé la surprise: il a demandé la création en Inde d’un «Mécanisme d’Investigation Indépendant». Un organisme qui existe en Syrie, au Sri Lanka ou en Éthiopie et qui pourrait établir des faits de discrimination concrets et vérifiés. Cela augmenterait la pression sur le gouvernement indien pour qu’il renforce la protection des minorités.
- Cette pression s’est déjà intensifiée: l’Inde sera examinée par une commission de l’ONU en décembre. Elle devra répondre des violations des Droits de l’Homme sur son territoire et des mesures qu’elle met en place pour y remédier. Malgré l’influence des hindous nationalistes au pouvoir, tous les espoirs semblent désormais permis pour les chrétiens indiens.