Au Bangladesh, la période de Pâques est souvent marquée par des persécutions accrues. Mais cette fête donne aussi aux chrétiens l'occasion de témoigner de leur foi.
Comment Dudul, un jeune chrétien bangladais de 15 ans, passera-t-il les fêtes de Pâques? Le 22 mars, il a été brutalement attaqué par une foule de jeunes musulmans, attaché tout nu à un arbre et violemment frappé pour avoir soi-disant volé une chèvre. Les passants filmaient la scène et ont publié les vidéos sur les réseaux sociaux. Secouru par ses parents, Dudul a fini à l’hôpital. Mais ses agresseurs ont fait pression sur les médecins pour qu’ils ne délivrent pas de certificat médical prouvant son agression. Il est aujourd’hui hospitalisé dans une autre clinique, plus loin de chez lui, pour être soigné en paix. Ses parents ont porté plainte.
Ses parents se sont convertis à Jésus-Christ il y a quatre ans, quand Dudul avait 11 ans. Depuis, leurs voisins musulmans ne cessent de les harceler. Comme eux, de nombreux chrétiens d’arrière-plan musulman au Bangladesh auront toutes les peines du monde à fêter Pâques cette année. L’évangéliste Safiq témoigne: «Nous ne pouvons pas célébrer Pâques comme nous le voudrions. Certes, nous nous rassemblons pour le culte et un repas en commun. Mais nous ne pouvons pas utiliser de micro ou de sonorisation à cause des voisins musulmans. Ils ne veulent pas que nous célébrions de fêtes chrétiennes dans notre village.»
Villes et campagnes
Alors, certains chrétiens se réunissent loin de chez eux. Comme le déplore le pasteur Siraj, converti de l'islam, ils doivent «célébrer Pâques de manière limitée». Habib Biswas, un autre chrétien, renchérit: «Les nouveaux croyants célèbrent Pâques dans le secret de leurs maisons.» Il précise:
«Nous vivons et nous célébrons Pâques à nos risques et périls.»
Au Bangladesh, les célébrations en ville semblent poser moins de problèmes que les rassemblements à la campagne. Jagodish Roy est au service des chrétiens d’arrière-plan musulman depuis longtemps. Il explique: «La plupart des croyants ont peur de la persécution dans un environnement non-chrétien: les villageois ne savent pas qu’ils ont affaire à des chrétiens qui adorent le Seigneur en secret. C’est un environnement dangereux.» Il précise:
«La plupart des croyants ne célèbrent pas Pâques, même si certains le fêtent en secret.»
Une occasion de témoigner
Pour autant, la période de Pâques n’est pas uniquement synonyme de risques accrus et de persécutions. Selon Pikul Madhury, responsable chrétien, «Pâques n’est pas aussi connu que Noël. À certains endroits, quand nous célébrons Pâques, les villageois sont curieux de savoir ce qu’est cette fête. C’est l’occasion de partager l’amour du Seigneur et d’expliquer comment recevoir le salut en Jésus-Christ.» Parfois même, une église peut aller jusqu’à inviter les responsables musulmans à son culte de Pâques. Et alors? «Certains viennent, affirme Pikul Madhury. Ainsi, nous bâtissons des relations avec les responsables musulmans locaux.»
Pâques et le Ramadan
Seule ombre au tableau: «Cette année, nous ne pouvons pas les inviter car c’est le mois du Ramadan. Il nous faut être discret dans nos célébrations pour ne pas déranger nos voisins», explique Pikul Madhury. D'autant plus que le dimanche est un jour ouvré au Bangladesh, le week-end ayant lieu les vendredi et samedi.
Malgré tout, durant la période de Pâques, des articles de presse et des documentaires télévisés mettent cette fête chrétienne et sa signification sous le feu des projecteurs. D’une façon ou d’une autre, le témoignage des chrétiens n’est pas entièrement étouffé...