Il ne reste plus qu’une seule église protestante ouverte en Algérie! C’est le constat amère qu’a fait la Commission américaine sur les libertés religieuses en octobre 2024. Dans son rapport, elle constate que «le gouvernement algérien a fermé pratiquement toutes les églises évangéliques, n’en laissant qu’une seule ouverte en date de septembre 2024».

Ces dernières années, en effet, les droits humains ont fortement régressé dans ce pays. L’actualité a tourné les projecteurs sur l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, récemment disparu en Algérie. Mais son sort est partagé par un nombre croissant d’opposants politiques et religieux, notamment par la minorité chrétienne. Ainsi, ces dernières années, 40 églises protestantes ont été fermées de force, et 52 pasteurs ont été traînés en justice. Le motif d’inculpation est la plupart du temps l’Ordonnance 06-03 qui restreint fortement les cultes non-musulmans.

La prison ou l’exil

Ainsi, le pasteur Hamid Soudad a passé deux ans en prison entre 2021 et 2023 pour avoir «insulté l’Islam» et publié une caricature. Le pasteur Salah Chalah risque la même peine pour avoir manifesté pacifiquement contre la fermeture de son Église.

Depuis 2012, en effet, toutes les Églises doivent obtenir un nouvel agrément pour avoir le droit de continuer à célébrer leur culte. Or, l’Église protestante d’Algérie (EPA), jusque là bien implantée et historiquement reconnue et acceptée, n’a jamais réussi à faire renouveler son agrément. Et ce malgré toutes les démarches administratives harassantes réalisées par les responsables concernés. À ce titre, le pasteur Youssef Ourahmane a dû s’exiler hors d’Algérie après avoir été condamné pour avoir «déstabilisé la foi des musulmans» et «utilisé de façon illégale des bâtiments d’église».

Entrer dans la clandestinité

Face à ce tour-de-vis, les chrétiens ont le choix entre entrer dans la clandestinité pour célébrer leur culte ou abandonner toute pratique collective d’adoration. À tel point que l’Algérie est passé de la 36ème place dans l’index mondial de la persécution en 2017 à la 15ème place aujourd’hui. Selon un porte-parole de Portes Ouvertes:

«Une combinaison de fermetures d’eglises, de vide juridique et de harcèlement bureaucratique pèse sur les chrétiens protestants algériens.»

Quelle liberté?

Pour cette personne, chargée de plaidoyer, cela «crée un environnement qui viole de façon persistante à la fois la liberté de religion ou de croyance et la liberté de s’assembler paisiblement pour célébrer un culte.»

Portes Ouvertes demande à ce que l'agrément de l’EPA soit enfin instruite, que toutes les charges pesant contre les pasteurs soient abandonnées et que «tout le monde puisse se réunir pour adorer librement.»