Le parti de Narendra Modi vient d'être réélu haut la main. Les chrétiens craignent que la persécution à leur encontre s'aggrave.
C'est une victoire écrasante du BJP, le parti du Premier ministre Narendra Modi. Il obtient la majorité absolue au parlement indien. Le parti nationaliste a désormais toute marge pour terminer de mettre en place son programme basé sur l'Hindutva et nettoyer l'Inde de tout ce qui n'est pas hindou. Les minorités non hindoues paieront certainement le prix fort.
La peur d’une multiplication des atrocités contre les chrétiens s’est diffusée dans les églises.
Les chrétiens craignent que cette nouvelle victoire des nationalistes hindous entraîne:
- l’extension de la loi anticonversion à l’échelle nationale
- la création d’une nation exclusivement hindoue
- une mainmise sur l’éducation
- une augmentation du nombre de campagnes de Ghar Wapsi (conversions forcées à l’hindouisme)
- un climat d’impunité encourageant les extrémistes hindous à plus d’exactions
- la mise en place d’un nouveau code civil uniformisé, retirant les avantages des minorités et qui menacerait les écoles et les hôpitaux chrétiens.
Messages antichrétiens pendant la campagne
Pendant la campagne, un message d’intolérance et de haine s’est diffusé à l’encontre des minorités religieuses:
«Nous débarrasserons notre pays de tous les ‘infiltrés’: ne resteront que les bouddhistes, les hindous et les sikhs.»
Pour le président du BJP Amit Shah, qui prononça publiquement cette phrase lors d’un meeting de campagne à Darjeeling, les infiltrés sont les chrétiens et les musulmans, professant une «religion étrangère à l'Inde».
«Les élections sont directement liées à notre liberté»
Déjà, à l’heure actuelle, en Inde, «ne pas être hindou équivaut à ne pas être Indien». Cette réalité, le pasteur Manoj (pseudonyme) l’a vécue lorsqu’il s’est converti: «Depuis le jour où je suis devenu chrétien, j'ai été persécuté. J'ai été expulsé de chez moi et n’ai pu y retourner pendant deux ans, on m’accusait d'avoir converti de force une fille. J'ai été tellement battu que je ne pensais pas survivre. C'est le pays dans lequel nous vivons. Les élections sont directement liées à notre liberté.»
Depuis que le BJP a accédé au pouvoir en 2014, les minorités sont mises encore plus sous pression, victimes de violences et peu à peu exclues de la société civile. En 2018, près de cent églises ont été attaquées, plus de 200 chrétiens ont été emprisonnés et 14 tués à cause de leur foi.
Vers une augmentation de la persécution?
En 2014, Portes Ouvertes avait recensé 147 cas de persécution. De janvier à mars 2019, il y a déjà eu 216 faits de persécution contre les chrétiens dont 2 meurtres.
Un pasteur témoigne du développement de mouvements appelés «Christian-free village» consistant à chasser les chrétiens pour s’assurer que les villages soient «libérés» de toute présence chrétienne.
Beaucoup de chrétiens s’attendent désormais à une aggravation de la situation. «Les politiques discriminant les minorités vont continuer, ainsi que la haine contre les chrétiens. L’idée s’est répandue dans les mentalités que les chrétiens ne sont plus des frères indiens, mais des traîtres à la patrie», explique un pasteur.
L’Inde sourde aux critiques
La Commission sur la Liberté religieuse à l’internationale des États-Unis a rappelé dans son rapport annuel 2019 que le gouvernement indien avait laissé se développer «une campagne de violence, d’intimidation et de harcèlement contre les non-hindous». Un rapport commandé par le ministère des Affaires étrangères du Royaume-Uni soulève aussi ce problème.
Des reproches insensés selon le vice-président de la Commission Nationale pour les Minorités en Inde, George Kurian, pour qui l’Inde est «le pays le plus sûr du monde» pour les minorités.
Les chrétiens persévèrent donc dans la prière «pour le gouvernement, pour qu’il gouverne avec sagesse et ne persécute pas les chrétiens ni les autres minorités. L’Inde est un pays riche de sa diversité, comme un jardin sublimé par la variété de ses fleurs. Nous prions donc pour l’harmonie et pour que les chrétiens soient acceptés par leur entourage», rapporte un partenaire de terrain de Portes Ouvertes.
Soutenons nos frères et sœurs et réconfortons-les par nos messages sur le nouveau site de notre campagne «Impact Inde».