Le 25 juillet, les Tunisiens ont voté en faveur d'une nouvelle constitution qui semble fragiliser les droits des minorités, dont ceux des chrétiens.
La nouvelle constitution tunisienne a été adoptée largement avec 94,6% des voix. Elle donne des pouvoirs étendus au Président actuel, Kaïs Saïed, et risque de compliquer encore la vie des églises et des chrétiens de Tunisie.
La place de l'islam renforcée
Les défenseurs des droits humains dénoncent l'absence de contre-pouvoirs et de garde-fous. Ce qui compromet la protection des droits et libertés fondamentales. L'ONG Amnesty International s'inquiète d'un texte «qui permet aux autorités une interprétation plus restrictive des droits des citoyens, en se basant sur ce que prône l'islam.»
En effet, un article est particulièrement inquiétant pour les chrétiens. Il déclare que «la Tunisie fait partie de l'Oumma islamique et seul l'État se doit d'œuvrer pour atteindre les objectifs de l'Islam en préservant l'âme, l'honneur, l'argent, la religion et la liberté des citoyens.» Une formulation vague qui laisse les mains libres au Président quant à son interprétation.
Cela signifie également que la Tunisie n'est plus un État laïc, comme le garantissait la précédente constitution.
Les chrétiens dans l'expectative
Les chrétiens sont partagés quant à ce que cette nouvelle constitution leur réserve. Ils attendent de voir comment elle sera interprétée et ce qu'elle changera pour les églises d'expatriés et pour les églises de maison. Certains ont voté en faveur du texte, exaspérés par le chaos politique, la corruption et le népotisme qui ont caractérisé une décennie de démocratie. Ils veulent avancer et faire confiance au Président qui leur promet d'améliorer leur quotidien.
La Tunisie est 35ème de l'Index mondial de persécution des chrétiens qui recense les 50 pays où il est le plus difficile de vivra sa foi. Les chrétiens d'arrière-plan musulman subissent de fortes pressions de la part de leur famille, leurs amis et leur entourage pour revenir à l'islam. Ils sont également surveillés par les services de sécurité de l'État. Discriminés, ostracisés, voire agressés, ils ont le sentiment d'être des citoyens de seconde zone.