Alors que la guerre civile fait rage, les chrétiens soudanais sont plus que jamais opprimés... et oubliés.
Notre analyste pour la liberté religieuse en Afrique Subsaharienne s'est rendu au Soudan au début du mois. Il a trouvé des responsables d'église qui «se sentent oubliés et abandonnés», alors que la guerre civile fait des ravages, dans l’indifférence générale.
Une pression accrue pour les chrétiens
La situation est particulièrement difficile pour les chrétiens soudanais. Vivre dans un pays majoritairement musulman, classé au huitième rang de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens, est déjà difficile. Mais la violence a ajouté une pression supplémentaire, comme le déplore notre analyste:
«Les chrétiens et les églises ont été attaqués en toute impunité...»
Jusqu'à présent, plus de 150 églises ont été endommagées ou détruites, soit de manière ciblée, soit à cause de la guerre civile. Les fidèles, forcés de quitter leurs maisons, doivent souvent fuir. Ils perdent ainsi le contact avec les autres membres de la petite communauté chrétienne.
Pour les personnes déplacées à l'intérieur du pays, le risque de subir des violences «reste élevé», déclare une chercheuse de Portes Ouvertes. Quant aux chrétiens, leur foi est une vulnérabilité supplémentaire. Là où ils trouvent refuge, ils peuvent être victimes de discrimination de la part de leur entourage, ainsi que dans la distribution de l'aide alimentaire.
Le risque d'une nouvelle Libye
Les responsables d'églises craignent que les extrémistes islamiques ne profitent de l'insécurité actuelle pour revenir au pouvoir et réimposer les lois de la charia. Celle sur le blasphème notamment. Des lois dont certaines avaient été abolies sous le gouvernement mis en place après l'éviction du dictateur Omar al-Bashir en 2019...
La crise humanitaire dramatique au Soudan, l'un des plus grands pays d'Afrique Subsaharienne, doit retenir l'attention. Selon notre analyste, il existe un réel danger que le Soudan devienne une autre Libye, où la chute du colonel Kadhafi en 2011 a laissé un vide de pouvoir. Cette situation a eu de graves conséquences pour la région, notamment le trafic d'armes et de stupéfiants, et a alimenté les conflits dans d'autres parties du continent, en particulier au Sahel, où elle a provoqué un désastre humain dramatique.