Depuis le coup d'État de l'année dernière, le Soudan glisse de nouveau vers une interprétation stricte de la charia, ce qui inquiète les chrétiens.
Dans un Soudan à majorité musulmane, ceux qui se convertissent au christianisme subissent une énorme pression de la part de leur famille, de la société et du gouvernement. C'est le cas de Nada et Hamouda, dont le procès est en cours d'instruction. Ces chrétiens sont jugés pour adultère et risquent 100 coups de fouet et 1 an d'exil interne.
Pressions de la famille
Nada et Hamouda étaient musulmans, et vivaient dans le Centre-Est du pays, quand ils se sont mariés en 2016. 2 ans plus tard, Hamouda s'est converti au christianisme. Les 2 conjoints souhaitaient rester mariés, mais sous la pression de la famille de Nada, un tribunal de la charia a prononcé le divorce. Nada est retournée vivre dans sa famille avec les enfants. En 2020, l'apostasie a été décriminalisée et vivre avec un non musulman est devenu possible. En 2021 les deux conjoints ont décidé de revivre ensemble et Nada s'est convertie à son tour. Mais le couple, toujours divorcé, a été dénoncé par la famille de Nada. Il est accusé d'adultère.
Pression de la société et de l'État
Aux pressions de la famille s'ajoutent celles de la société et du gouvernement. Le 14 juin, près de la capitale Khartoum, le pasteur Kabashi et l'évangéliste Yacoub Ishakh ont été arrêtés pendant une étude biblique. Ils sont accusés de troubles à l'ordre public. Ils ont été relâchés sous caution le jour même et ils attendent de savoir quand ils seront jugés. En mai dernier, déjà, la police les avait convoqués après une plainte de leurs voisins musulmans.
Après 30 ans de dictature militaire sous le président Omar El-Béchir, le Soudan avait entamé une transition vers la démocratie, notamment en abolissant la peine de mort pour apostasie. Celle-ci a brutalement pris fin l'année dernière suite à un coup d'État orchestré par l'armée. Depuis, les militaires remettent graduellement au pouvoir d'anciens alliés d'El-Béchir. L'ancien dictateur promouvait une interprétation stricte de la charia. Et ces derniers mois, on a constaté une ingérence grandissante de groupes soutenus par l'État dans le fonctionnement des églises. Une église a même été en partie détruite suite à une décision judiciaire.