10 ans après l’attaque du groupe État islamique dans la plaine de Ninive en Irak, les chrétiens reconstruisent et restaurent la présence de l’Église dans ce lieu historique.
Qu’y a-t-il de si spécial à propos de la Plaine de Ninive en Irak? En août 2014, le groupe État islamique y déferlait pour y établir un califat, chassant des milliers de chrétiens. 10 ans plus tard, la présence chrétienne est revenue.
Un foyer unique du christianisme
Cette région est un lieu d’histoire et d’identité chrétiennes, parsemé d’églises et de monastères depuis le 4ème siècle. Après la chute de Saddam Hussein en 2003, cette région est devenue la maison et le refuge de la majorité des chrétiens irakien, à la recherche d’un lieu sûr.
En 2014, 40% de la population de la Plaine de Ninive était chrétienne.
Jusqu’à ce que le groupe État islamique n’attaque.
Déplacement et traumatisme
Le 6 août 2014 marque le début de l’incursion des extrémistes dans la Plaine de Ninive, cherchant à éliminer quiconque n’adhérait pas à leur interprétation de l’islam.
Les chrétiens ont fui par milliers, avec rien d’autre que leurs vêtements, leurs papiers d’identité et quelques objets de valeur. Les maisons ont été pillées; les croix des églises abattues; certaines églises transformées en réserves de munitions ou en champ de tir.
Dans cette situation, les partenaires de Portes Ouvertes ont pu aider plus de 15 000 familles avec des produits de première nécessité, des médicaments, des bibles et des soins post-traumatiques. Une partenaire locale explique:
«Notre objectif: être avec l’Église auprès de ceux qui souffrent, d’être leur voix et de leur montrer qu’ils ne sont pas seuls, mais que les chrétiens du monde entier se soucient d’eux».
En 2017, la Plaine de Ninive est libérée de la terreur extrémiste. Mais le mal était fait. Il n’y a plus que 200 000 chrétiens en Irak aujourd’hui, contre 1,5 million en 2003.
C'est peu, mais la présence chrétienne n’a pas disparu de la Plaine de Ninive.
Le temps de la reconstruction
Les partenaires de Portes Ouvertes ont participé à la reconstruction ou à la réparation de 2283 maisons. Ils offrent aussi des soins post-traumatiques et des micro-crédits pour que les chrétiens puissent se lancer dans une activité professionnelle. Farah, coiffeuse ayant bénéficié d’un micro-crédit, témoigne:
«Le mot merci est bien trop petit. Vous m’avez aidée, soutenue et encouragée. J’ai ainsi pu reprendre mon activité professionnelle et me relever».
10 ans après la terreur, des chrétiens sont toujours là. La résilience de ceux qui sont revenus dans la Plaine de Ninive, malgré la persécution, est l’expression de leur foi en Dieu et de leur attachement à leur terre.
Quelles attentes envers le gouvernement ?
Les chrétiens irakiens aiment leur pays et veulent participer pleinement à la vie de leur société. Une étude de Portes Ouvertes a conclu que ce dont ils avaient le plus besoin, c’est d'espoir. Voilà pourquoi Portes Ouvertes appelle:
- à la révision des lois existantes afin de restaurer l’état de droit et de garantir pleinement la liberté religieuse;
- à des programmes scolaires encourageant la tolérance, le respect et la coexistence pacifique entre toutes les religions et ethnies;
- à l’unité des églises pour porter les questions de droits de l’homme, de justice sociale et de paix.