Alors que les Iraniens fêtent le Nouvel An perse pendant deux semaines, quatre d’entre eux vont les passer en prison dans de terribles conditions. 

Tout d’abord, trois chrétiens d’arrière-plan musulman viennent d’être condamnés à un total de 41 années de prison pour la simple raison qu'ils ont participé à des églises de maison. Ils avaient été auparavant soumis à d’intenses interrogatoires à la prison Evin à Téhéran avant d’être libérés sous caution fin décembre, pour un montant total de 55 500 euros.

16 ans de prison pour une femme enceinte

Le 8 mars, lors de la Journée internationale des femmes, l'Iran a rendue publique la condamnation à 16 ans de prison de Narges Nasri, 37 ans, enceinte de son premier enfant. 

Des trois condamnés, c'est elle qui a reçu la plus lourde sentence: 10 ans de prison pour «activités de propagande contraires à la loi islamique», 5 ans pour être membre d’un «groupe d’opposition» en raison de son appartenance à une église de maison, et 1 an pour avoir partagé sur les réseaux sociaux son soutien au mouvement «Femme, Vie, Liberté».

Plus d'effets personnels ni de droits sociaux

Abbas Soori, 48 ans, a été condamné à 15 ans de prison: 5 ans en raison de son appartenance à une église de maison, et 10 ans pour « activités de propagande ». Il avait précédemment été arrêté en 2020 et condamné à des peines sans détention, en même temps que d’autres chrétiens.

À leurs côtés, le musicien Mahran Shamloui, 37 ans, a été condamné à 10 ans et huit mois de prison pour «activités de propagande» et appartenance à une église de maison. Ses instruments de musique, d’une valeur de 5000 euros, ont été confisqués. Il doit, quant à lui, payer une amende d’environ 2500 euros.

Ces trois chrétiens convertis avaient été arrêtés le 3 novembre 2024, simultanément, lors de descentes menées par des agents des services de renseignement chez eux, à Téhéran. Certains de leurs effets personnels ont été confisqués, incluant des bibles, des croix et des instruments de musique. 

Tous trois ont également été condamnés à 11 à 15 ans d’interdiction de droits sociaux, comme la santé ou l’emploi. Mme Nasri et M. Soori se sont aussi vu interdire d’appartenir à un groupe, de résider à Téhéran ou de quitter l’Iran, pendant les deux années qui suivront leur libération.

Dix autres chrétiens avaient été arrêtés en même temps qu’eux sans que nous ayons aujourd’hui de leurs nouvelles.

Un chrétien de 31 ans battu en prison

Dans le même temps, nous avons appris l’incarcération d’un autre chrétien iranien, Amir-Ali Minaei, âgé de 31 ans. Il était en prison depuis avril 2024, mais personne de son entourage n’avait souhaité parler publiquement de son cas jusqu’à ce jour. Il purge une peine de trois ans et sept mois de prison pour «avoir établi une église de maison», ce qui est considéré comme de la «propagande contre le régime».

Arrêté et soumis à des interrogatoires musclés en décembre 2023, il souffre depuis de problèmes cardiaques. En prison, il a demandé à recevoir des soins médicaux, mais, à la place, il a été battu par un gardien.

Avec les festivités du nouvel an perse et la fermeture de tous les services publics pendant deux semaines, l'inquiétude est vive pour l’état de santé d’Amir-Ali Minaei.

Source: Article 18