L'avocat d'Asia Bibi, Saif ul-Malook, ne pense pas que la Cour suprême reviendra sur sa décision de libérer sa cliente. L'homme a dû quitter le Pakistan pour sa sécurité.
(Article mis à jour le 08-11-2018) Saif ul-Malook, l'avocat de la chrétienne pakistanaise Asia Bibi, affirme qu'il ne s'attend pas à un réexamen de son acquittement. Il a déclaré:
«Il n'y a pas de motif valable pour contester cette décision. Je m'attends à ce que la demande d'examen ne soit pas autorisée car elle sera déclarée infructueuse.»
L’avocat a dû quitter le pays car sa vie est en danger. Il se trouve actuellement aux Pays-Bas. Il a ajouté qu'il reviendrait «assurément» pour défendre Asia Bibi si le réexamen était finalement autorisé. L’homme doit se protéger. Selon lui, l'armée pakistanaise devrait assurer sa sécurité: «Je dois rester en vie pour combattre à son procès.»
Tout un pays bloqué après l’annonce du verdict
Quelques jours avant le verdict, Khadim Hussa Rizvi, le chef du groupe extrémiste violent Tehreek Labek Pakistan (TLP), avait appelé ses fidèles à bloquer le pays et à être prêts à mourir au cas où le jugement de la Cour suprême serait en faveur d’Asia Bibi.
Sans surprise, l’annonce de la libération d’Asia Bibi le 31 octobre a suscité des protestations à l'échelle nationale. Les groupes religieux extrémistes ont réagi à l'acquittement par des manifestations de masse, des blocus et des menaces qui ont paralysé le pays. Il y aurait eu des affrontements entre des manifestants et la police.
Le 2 novembre, le gouvernement avait annoncé tard dans la nuit que les services de téléphonie mobile seraient suspendus. Le pays est resté paralysé : écoles fermées, report d’examens dans les universités, des vols ont même été retardés et des trains ont changé d'itinéraire à cause des manifestations. Plusieurs routes principales ont été bloquées dans tout le pays. La minorité chrétienne pakistanaise est mise sous pression.
Un accord entre le gouvernement et les islamistes
Le 2 novembre, les extrémistes islamiques sont finalement parvenus à faire plier le gouvernement. Le parti religieux Tehreek Labek Pakistan a accepté de mettre fin aux manifestations à condition que le gouvernement :
- ne s'oppose pas à la requête en révision du verdict
- n'autorise pas Asia Bibi a quitter le pays
- fasse libérer «toutes les personnes arrêtées dans le cadre des protestation contre l'acquittement d'Asia Bibi».
Presque 10 ans derrière les barreaux
Aasiya Noreen (vrai nom d'Asia Bibi), mère de 5 enfants, a été condamnée à la peine de mort en 2010 après avoir été reconnue coupable d'avoir fait des commentaires désobligeants au sujet du prophète de l'islam, Mahomet, lors d’une dispute avec une femme musulmane.
Le 7 novembre, Asia Bibi a quitté la prison de Multan pour Islamabad, selon le ministre des Affaires étrangères pakistanais.