La Cour suprême du Pakistan a rejeté le rapport de police sur les émeutes antichrétiennes de Jaranwala et a souligné le droit des chrétiens à vivre en sécurité.
Dans son ordonnance du 14 février dernier, la Cour suprême du Pakistan a estimé que le rapport sur les émeutes antichrétiennes de Jaranwala manquait d'informations cruciales. Les juges ont donc décidé qu'une nouvelle enquête devait être menée. Ceci afin de punir les fauteurs de troubles, tout en indemnisant les chrétiens.
De la rumeur à la violence
Les attaques d'août 2023 ont été déclenchées par une rumeur accusant de blasphème deux frères chrétiens de la ville de Jaranwala (Pendjab, Nord-Est du Pakistan). À la suite d'un message diffusé par les mosquées locales, une foule en colère s'est rassemblée. Elle a brûlé et endommagé au moins 17 églises et près de 100 maisons, provoquant la fuite de centaines de chrétiens.
Plus d'une centaine de personnes ont été arrêtées à la suite de ces attaques. Dont les deux chrétiens accusés de blasphème, qui ont été mis hors de cause et libérés début mars.
Des libertés fragiles
Le tribunal a déclaré:
«Tous les citoyens ont un statut et des droits égaux et ont donc droit à la protection de la pratique de leur religion.»
Il a également mentionné «la tendance des fauteurs de troubles à provoquer, pour des motifs inavoués, des attaques contre les lieux de culte des non-musulmans.»
La Cour a demandé à la police de mener une nouvelle enquête «afin d'engager des poursuites avec la vigueur nécessaire, sous peine d'être suspendue pour manquement à ses devoirs». Le rapport devra être remis dans les deux semaines. La Cour s'est également adressée au gouvernement du Pendjab, lui demandant de faire le point sur la question des réparations. Notamment la reconstruction des propriétés endommagées et les indemnisations versées jusqu'à présent.
Les lois anti-blasphème sont souvent utilisées pour régler des comptes ou pour cibler les minorités religieuses du Pakistan, notamment les chrétiens: selon le rapport de Portes Ouvertes, environ un quart des accusations de blasphème visent des chrétiens, qui ne représentent que 1,8 % de la population. Les attaques de Jaranwala illustrent le «fort potentiel de violence des lois sur le blasphème» et montrent à quel point les chrétiens sont vulnérables, conclut le rapport.
Source: DAWN