On estime à plus de 2000 le nombre de prisonniers de conscience en Ouzbékistan. C'est davantage que dans toutes les anciennes républiques soviétiques réunies. Nombre d'entre eux sont emprisonnés depuis plus de 20 ans. Ce qui fait de l'Ouzbékistan le pays qui attribue les peines de prison les plus lourdes pour des questions de pratique religieuse. 

Des chefs d'accusation vagues

C'est la Commission Américaine sur la Liberté Religieuse dans le Monde qui a tiré la sonnette d'alarme. Dans un rapport, elle précise que les personnes emprisonnées à cause de leur religion le sont sous des prétextes vagues tels que: «tentative de renverser l'ordre constitutionnel», «possession ou distribution de littérature interdite» ou encore «appartenance à des groupes interdits.»

Ces chefs d'accusation servent à restreindre l'exercice du droit à la liberté de religion, de conscience et d'expression. Ils vont à l'encontre de la constitution ouzbèque et de plusieurs traités internationaux de défense des Droits de l'Homme ratifiés par l'Ouzbékistan.

Les chrétiens sous pression

Entre le 1er octobre 2020 et le 30 septembre 2021, 6 chrétiens ont été détenus. Cela ne fait pas d'eux le groupe le plus représenté dans les geôles ouzbèques. Mais durant cette période, «des centaines d'entre eux ont fait l'objet de descentes de police et d'amendes administratives», indique le rapport. Les chrétiens d'arrière-plan musulman restent très vulnérables aux pressions exercées par les autorités, la famille et la communauté. Les églises non enregistrées sont particulièrement ciblées par la persécution d'État.

Des progrès insuffisants

Pourtant, l'année dernière, la Commission Américaine avait félicité l'Ouzbékistan pour ses «réels progrès dans le domaine de la liberté religieuse.» En arrivant au pouvoir, Shavkat Mirziyoev, considéré comme réformiste, avait envoyé des signaux encourageants: il avait relâché et gracié plus de la moitié des prisonniers de conscience emprisonnés sous son prédécesseur Islam Karimov. Mais la loi sur la religion de 2021 a maintenu toutes les anciennes régulations. Notamment l'aval obligatoire de l'État pour les activités religieuses et l'interdiction de parler de sa foi à autrui. Le pouvoir fait pression sur les journalistes et impose des restrictions aux réseaux sociaux et aux sites de messagerie.

L'Ouzbékistan reste sur la liste américaine des pays sous surveillance et figure à la 21ème place de l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens. 

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