Aujourd'hui 14 mai, Leah Sharibu fête son 18ème anniversaire. Elle a été enlevée, il y a plus de 3 ans, par un groupe islamique radical et est toujours en captivité suite à son refus de renier le Christ.
Le 18ème anniversaire d'une jeune fille devrait être un jour de joie. Mais Leah Sharibu n'a guère de raison de faire la fête: son adolescence a pris fin brutalement alors qu'elle avait 14 ans, le 19 février 2018. Ce jour-là, elle a été enlevée dans son école, à Dapchi, dans l'État de Yobe, par des militants de l'ISWAP, une faction de Boko Haram.
Une incertitude persistante
Avec Leah se trouvaient 109 jeunes filles, pour la plupart musulmanes. Toutes les survivantes ont été libérées un mois plus tard, sauf Leah: comme elle refusait d'abandonner sa foi chrétienne pour se convertir à l'islam, elle est restée en captivité.
Depuis, les nouvelles sont rares. Après avoir initialement menacé d'exécuter Leah, Boko Haram a annoncé qu'elle deviendrait leur esclave. Lors d'une visite aux États-Unis en avril 2018, le président Buhari a promis d'œuvrer pour sa libération. Mais depuis lors, ses efforts ont été peu visibles. Les informations sur sa localisation et son état de santé arrivent par bribes et sa famille vit dans l'incertitude. Mais elle n'a pas abandonné l'espoir de revoir Leah.
Enlèvements et mariages forcés
L'enlèvement ciblé de femmes et de jeunes filles est une tactique délibérée utilisée par Boko Haram, en particulier dans les États sous le régime de la charia. Il s’agit d’intimider, de déplacer et de décimer la population chrétienne. Des femmes et des jeunes filles chrétiennes sont enlevées, mariées contre leur gré et converties de force à l'islam. Elles sont condamnées à vivre en esclaves, maltraitées, détenues ou déplacées à volonté, parfois contraintes de commettre des attentats-suicides.
Les parents qui cherchent à faire libérer leurs enfants se heurtent souvent à la résistance et à l'inaction des communautés villageoises, de la police et des tribunaux. Car ce type de mariage est autorisé par la loi islamique. Les victimes d'enlèvements et de viols qui sont libérées subissent souvent le rejet de leur communauté. De même, les enfants nés de ces abus sont rejetés, car ils portent sur eux la marque de la culpabilité et de la honte.
Le pasteur Suliman (pseudonyme) travaille depuis 20 ans dans le Nord du Nigéria dans le cadre de projets d'aide d'urgence et de développement, ainsi que dans le domaine du conseil en traumatologie: il accompagne les victimes d'agressions et d'enlèvements. Il explique: «Les femmes sont particulièrement vulnérables. Elles deviennent la cible d'enlèvements ou se retrouvent seules, sans revenus et gravement traumatisées quand leur mari est tué.»