Au Nigéria, les chrétiens sont confrontés à une violence sans précédent depuis le début de l'année. Dans l'État de Benue, au Centre du pays, 492 personnes ont été tuées. Les bergers Peuls n'hésitent pas à attaquer les églises pendant les célébrations.
Depuis le début de l'année, dans l'État de Benue au Nigéria, la violence contre les chrétiens atteint des niveaux effrayants. Il ne se passe pas une journée sans que les bergers Peuls, des nomades musulmans, attaquent les agriculteurs chrétiens. La loi de novembre 2017, interdisant aux bergers Peuls de faire paître leurs troupeaux sur n’importe quelle terre dans l'État de Benue a aggravé une situation qui dure depuis de nombreuses années.
Il s'agit bien d'une persécution religieuse
Ce conflit entre nomades et sédentaires est souvent considéré sous l'angle économique ou ethnique, mais l’intolérance religieuse joue aussi un grand rôle dans ces massacres. Des églises ont été attaquées en pleine célébration et les personnes qui s'y trouvaient, tuées sans merci.
«Les prêtres ne sont pas des fermiers», a déclaré Samuel Ortom, gouverneur de l’État de Benue. «L'église n'a pas d'herbe. Pourquoi donc que des paroissiens célébrant Dieu, sont tués par des bergers dans l'église?»
Le 22 mai dernier, a eu lieu l'inhumation en masse de 19 catholiques, dont deux prêtres, tués par des gardiens de troupeaux, au cours de la messe du matin à l'église catholique Saint Ignatius. Le même jour avait lieu une marche de protestation contre les exactions subies par les chrétiens dans l'État de Kaduna.
Depuis 2013, le gouvernement de l'État de Benue a recensé plus de 50 attaques contre des fermiers par les bergers militants, avec plus de 1 600 personnes tuées.
D'autres États majoritairement chrétiens de la Ceinture Centrale du Nigéria comme Taraba, Plateau et Nasarawa et la partie Sud de l'État de Kaduna ont également été le théâtre d'attaques.
Un impact humanitaire considérable
Dans l'État de Benue seul, plus de 180 000 personnes vivent dans 8 camps de déplacés, dont 80 000 enfants d'âge scolaire qui ne reçoivent aucune éducation. Plus de 500 000 autres personnes vivent avec des parents ou dans des bâtiments inachevés.
L'archevêque de Lagos, Alfred Adewale Martins, a écrit dans une lettre ouverte au Président Muhammadu Buhari:
«Nous assistons, impuissants, au massacre de milliers de personnes issues de communautés à prédominance chrétienne déplacées de leurs terres ancestrales et traitées comme des citoyens de seconde zone. Elles sont victimes d'intolérance religieuse puisqu'elles se voient refuser le droit de posséder des terres pour construire leurs églises et rendre un culte à leur Dieu, en paix.»