Plus d'un an après le coup d'État qui a porté l'armée au pouvoir, les chrétiens birmans vivent dans la peur. Ils sont régulièrement pris pour cible par les militaires.
De nombreux rapports qui nous parviennent de l'État de Kaya, attestent que l'armée régulière continue de s'en prendre aux églises. Aucun signe ne laisse entrevoir une diminution des combats ni une baisse des attaques ciblées contre les chrétiens.
Plus de 25 chrétiens tués en 2021
Les chrétiens sont traumatisés et luttent pour leur survie. Partout dans le pays ils sont pris pour cible. Les responsables d'églises sont arrêtés, enlevés. 47 églises et 15 bâtiments associés à des églises ont été détruits entre février 2021 et janvier 2022, principalement dans les États de Chin et de Kayah, où les habitants sont majoritairement chrétiens. De nombreux chrétiens ont quitté le pays pour leur sécurité. Suite au coup d'État de février 2021, un million de chrétiens ont été déplacés par les violences.
Le 17 janvier, dans l'Est du pays, l'armée a bombardé un camps de réfugiés tuant 3 personnes et en blessant 7 autres. Tous ces réfugiés étaient des chrétiens catholiques qui avaient fui leur village à cause des violences. Le lendemain, le prêtre Jakob Khun, lors d'un office en mémoire des victimes, a appelé à prier pour que l'espoir demeure.
Le 24 décembre 2021, 30 personnes ont été tuées par l'armée dans l'État de Kaya. 15 d'entre eux étaient de jeunes chrétiens déplacés qui rentraient après avoir terminé les préparatifs pour la fête de Noël du lendemain.
En 2021, plus de 25 chrétiens ont été tués par l'armée.
Pourquoi les chrétiens sont-ils ciblés?
Tout d'abord, les chrétiens vivent majoritairement dans les États de Chin, Kachin et Karen qui sont le théâtre d'une guerre civile depuis plusieurs années. Depuis le coup d'État de février les combats se sont intensifiés. Les chrétiens soutiennent la résistance, en partie pour se protéger des brutalités de l'armée birmane. En conséquence, ils sont tous considérés avec suspicion.
Ensuite, ils ont participé massivement aux manifestations qui ont secoué le pays au moment du coup d'État. Ils sont donc une cible privilégiée pour l'armée.
Et pour finir, selon le général Min Aung Hlaing, commandant en chef de l'armée qui dirige de facto le pays depuis février 2021, être birman, c'est être bouddhiste. C'est pourquoi il utilise l'instabilité actuelle pour convertir de force ou éliminer les chrétiens.
Le Myanmar occupe la 12ème place de l'Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2022, soit une progression de 6 places par rapport à l'Index 2021.