Tout comme les Rohingas avant eux, les Chins et les Kachins sont persécutés par l’armée qui utilise la religion comme moyen de répression.
Préserver l’unité nationale
Au cours des 18 derniers mois, dans l’état Kachin situé au nord du Myanmar, l’armée a détruit à l’explosif une soixantaine d’églises.
Une vingtaine a déjà été remplacée par des pagodes bouddhistes. De cette manière, l’armée est certaine que ces terrains ne seront plus utilisés par des chrétiens.
Dans cette partie du Myanmar, l’armée et les moines radicaux travaillent main dans la main. L’armée prétexte que le pays est menacé par des forces extérieures comme les musulmans, les occidentaux et autres, et elle s’unit à des groupes extrémistes comme la fondation Buddha Dhamma Parahita (anciennement Ma Ba Tha) afin de préserver l’unité nationale en défendant le bouddhisme.
Nettoyage ethnique
Les Kachins, qui vivent au nord du pays et les Chins qui vivent dans une région montagneuse à l’ouest du pays sont deux minorités ethniques à majorité chrétienne. Depuis longtemps discriminées pour leur religion, elles sont directement victimes de la politique de birmanisation forcée menée par l’armée.
Charles Maung Bo, premier cardinal catholique du Myanmar témoigne :
« dans l’Etat Chin, des croix ont été détruites et les chrétiens ont été obligés de construire des pagodes bouddhistes à la place. Dans l’Etat kachin, depuis la reprise des combats (entre l’armée et les rebelles autonomistes) 66 églises ont été démolies. »
En mars dernier, lors d’une flambée de violence, plus de 13 000 chrétiens Kachins ont dû fuir de chez eux. Chaque église de la région hébergerait entre 400 et 2 000 réfugiés.
Un véritable nettoyage ethnique qui nous fait penser à ce que vivent les Rohingas, car même si le phénomène n’a pas encore atteint la même ampleur, il en prend le chemin.