Une réforme prévoit une meilleure protection des traditions indigènes au Mexique, ce qui risque de porter préjudice aux minorités évangéliques.
En septembre 2024, le Mexique a adopté une réforme constitutionnelle pour protéger les droits des minorités indigènes, leurs traditions et leurs cultures. Ces civilisations amérindiennes peuvent désormais faire l’objet de lois publiques, de tribunaux coutumiers officiellement reconnus, qui rendraient leurs verdicts de façon autonome, sans médiation extérieure à la tribu concernée.
Si l’objectif est louable – protéger ce qu’il reste de civilisations presque disparues – l’application d’une telle réforme risque de poser de graves problèmes. Tout d’abord parce que la Constitution mexicaine risque de ne plus s’appliquer de façon égale à tous les citoyens mexicains; les Amérindiens relevant de législations spécifiques. Ensuite parce que les droits d’une tribu passeraient avant les libertés individuelles de chaque membre composant cette tribu. Ainsi, que deviendront les indigènes mexicains qui ne souhaitent pas suivre les traditions de leurs ancêtres? Ils risquent d’être condamnés par leurs propres tribunaux sans possibilité de faire appel.
Indigènes convertis au christianisme
Cette question est brûlante pour les indigènes convertis au christianisme évangélique. Ils ne souhaitent ni faire de sacrifices aux dieux de leurs ancêtres, ni participer à une procession organisée pour un saint catholique, ni se prosterner devant une statue. Dans de tels cas, ils sont souvent ostracisés par leur tribu d’origine, victimes de discrimination et de persécutions. Mais jusqu’à présent la loi mexicaine pouvait les protéger.
Avec l’apparition de tribunaux indigènes spécifiques, prendre leur défense sera plus ardue, s’inquiète un avocat travaillant pour Portes Ouvertes au Mexique. «Ces cas seront plus difficiles à défendre s’ils relèvent de tribunaux indigènes. La structure de ces tribunaux n’est pas clairement expliqué dans la nouvelle réforme. Les membres de ces tribunaux pourraient être sélectionnés de façon coutumière.» Pour lui:
«Cette réforme pourrait conduire à une justice partiale, défavorable aux minorités évangéliques.»
Article 24 de la Constitution
Pourtant, l’article 24 de la Constitution politique des États unis mexicains (Estados Unidos Mexicanos) garantit la liberté de religion et le libre exercice du culte. Mais quand des Amérindiens évangéliques sont victimes de discrimination de la part de leur propres tribus, on leur répond que ces représailles font partie de la tradition, de la culture et de la religion indigènes qui doivent être respectées.
En avril 2024 déjà, le sénateur amérindien Gómez Hernández a sacrifié une poule au dieu aztèque de la pluie, Tlaloc, au sein même du Sénat. Bien que cela viole la loi mexicaine, la sénateur a estimé que les traditions amérindiennes avaient préséance. Prions pour que cette nouvelle réforme au Mexique n’aggrave pas la situation des évangéliques amérindiens.