Au Mexique, les cartels de la drogue s'en prennent souvent aux chrétiens, qu'ils considèrent comme un obstacle à leurs activités. En 5 mois, 57 faits de persécution leur sont attribués.
Les nouvelles en provenance du Mexique sont très inquiétantes. Rien qu’en cinq mois, 57 cas de violence contre les chrétiens causés par le crime organisé ont été enregistrés: intimidation, racket, attaques de lieux de culte, violences physiques contre les pasteurs...
Menaces de mort
Dans certaines régions du Mexique, les cartels sont très influents. Le quotidien est marqué par la violence. Les chrétiens évangéliques sont particulièrement visés, car ils sont considérés comme des obstacles aux activités des cartels. Ils sont donc constamment surveillés et parfois menacés de mort.
C'est le cas de Sergio (pseudonyme), missionnaire de Jalisco. Deux hommes sont venus dans sa rue en motos et ont pointé leurs armes sur sa porte, attendant qu'il sorte de chez lui pour tirer. Alerté par le bruit, Sergio a failli être tué: «J'ai pensé à me lever et à aller voir ce qui se passait à l'extérieur, mais j'ai senti de la part de Dieu que je ne devais pas sortir à ce moment-là, alors j'ai continué à prier.» Lassés d'attendre, les deux hommes sont repartis... Sergio a plus tard été alerté de la situation par une voisine qui avait tout observé.
Les enfants: une ressource pour les cartels
Les chrétiens sont aussi visés en raison de leurs activités de catéchisme organisées pour les enfants. En effet, les enfants sont considérés comme une proie facile pour les cartels de drogue: autant comme futurs consommateurs que comme futurs trafiquants. Les activités de catéchisme contrecarrent donc directement leurs plans.
Marcos Lara (pseudonyme), missionnaire, témoigne: «Nous sommes surveillés. Les enfants que nous servons sont considérés comme de potentielles ressources humaines pour les cartels.» Il poursuit:
«Nos enseignements sont une menace directe pour leurs intérêts.»
Cacher sa foi ou fuir?
Dans ces régions, les chrétiens se gardent de l'expression publique de leur foi - comme prier pour leur repas dans un restaurant - afin de ne pas mettre en danger leur vie et leurs activités.
Dans certains cas, les chrétiens sont contraints de fuir. Juan et Rebecca (pseudonymes), couple de missionnaire, partageaient l'Évangile avec les trafiquants de drogue. Ceux qui deviennent chrétiens tentent généralement de quitter les cartels. Or, l'un d'eux a été torturé par son ancien cartel et a révélé l’identité de Juan et Rebecca. Le couple a quitté la région suite aux menaces croissantes.
Dans l'État du Chiapas, une centaine d'églises ont dû fermer leurs portes pour préserver la sécurité des responsables et des membres.
Selon Jorge Jiménez (pseudonyme) analyste pour Portes Ouvertes au Mexique, la situation pourrait encore s'aggraver: «On s'attend à une augmentation du nombre de cas de violence liée à l'engagement chrétien des victimes.»