Les autorités des États de Kano, Katsina, Bauchi et Kebbi ont ordonné la fermeture de toutes les écoles pendant le ramadan, pour tous les élèves quelques soient leurs convictions religieuses. Ces décision ont suscité les critiques des défenseurs de la laïcité et de la liberté religieuse. 

Une décision historique

Les élèves de ces États ont vu leur école fermer le 1er mars dernier, alors que le ramadan débutait. Pour eux, cette mesure signifie qu'il ne leur reste que deux semaines après la fin du ramadan pour préparer leurs examens de fin d'année - qu'ils se sentent appartenir à l'islam, à la foi chrétienne ou aux religions africaines traditionnelles.

Le chef de la «Hisbah», la police islamique des mœurs de Katsina, a insisté sur le fait que toutes les écoles privées devaient également fermer et a déclaré que «le non-respect ne serait pas toléré».

Le caractère laïc de l'État menacé

Les principaux représentants des chrétiens voient dans cette mesure inhabituelle un danger pour la liberté de religion et ont fait remarquer que cette décision allait à l'encontre de la neutralité de l'Etat en matière de religion.

«C'est un dangereux précédent», a déclaré Samson Adeyemi, porte-parole de l'Association nationale des étudiants nigérians. Les autorités «donnent la priorité aux obligations religieuses sur le droit des étudiants à l'éducation», a-t-il ajouté.

La Conférence des évêques catholiques du Nigeria a averti que la directive soulevait «de sérieuses questions sur le caractère laïque de notre pays et sur les droits de tous les citoyens».

Des responsables chrétiens demandent désormais au gouvernement fédéral d'intervenir pour protéger le droit des élèves à l'éducation et à la liberté de religion.

Pression particulièrement forte sur les chrétiens pendant le ramadan

Les États de Kano, Katsina, Bauchi et Kebbi font partie des 12 États du Nord du Nigéria a avoir adopté la charia. Il est déjà arrivé que des personnalités politiques prennent des décisions sur des sujets religieux pour des fins électorales. Ces États ont aussi été le théâtre de discriminations et de persécutions des chrétiens dans les milieux de l'éducation.

En 2017 et 2022, deux universités publiques de l'État de Katsina ont totalement interdit les activités religieuses chrétiennes sur le campus, tout en y autorisant les groupes d'étudiants musulmans.

En 2022 dans l'État de Sokoto, Deborah Yakubu, une étudiante chrétienne, a été accusée de blasphème et assassinée par ses camarades de classe au sein du Shehu Shagari College - un lieu où elle aurait dû être protégée.

Cette situation rappelle aussi que le risque d'hostilité envers les chrétiens et les autres minorités religieuses est particulièrement élevé pendant le ramadan – et pas seulement au Nigeria. Ceux qui ne respectent pas les prescriptions islamiques pendant cette période souvent tendue doivent s'attendre à des réactions de colère de la part de leur entourage.