Les chrétiens irakiens risquent-ils d'être les victimes collatérales du bras de fer qui se joue actuellement entre l'Iran et les États-Unis sur le territoire irakien?
Les chrétiens irakiens sont inquiets, ils craignent une escalade de la violence dans leur pays où les États Unis et l'Iran se font face dans un climat de plus en plus tendu. Un de nos équipiers sur place témoigne:
«Les chrétiens ont peur que l'Irak ne devienne un champ de bataille entre les États-Unis et l'Iran ou qu'une nouvelle guerre civile éclate en Irak.»
Dans les deux cas, les chrétiens seraient parmi les plus touchés car en tant que minorité, ils sont les plus vulnérables.
Une communauté déjà affaiblie
Suite à des années de conflits, la présence chrétienne a déjà bien diminué en Irak. En 2003 on comptait 1,5 million de chrétiens. En 2018, ils n'étaient plus que 225 000.
Même si le groupe État Islamique a été chassé d'Irak, des cellules dormantes et des groupes d'extrémistes soutenus par l'Iran continuent de s'en prendre aux civils et particulièrement aux chrétiens qu'ils qualifient d'infidèles.
La situation semble pour l'instant relativement calme dans la plaine de Ninive, au Nord de l'Irak, mais d'après nos sources sur place «chacun suit avec attention l'évolution de la situation car on ne sait comment les milices soutenues par l'Iran présentes dans la région vont réagir».
Appel à l'apaisement
Les responsables chrétiens lancent un appel au calme et à la retenue. Ils enjoignent les dirigeants à prendre en compte l'impact sur la population des décisions politiques prises en haut lieu. Le patriarche Louis Rafaël Sako, de l'Église Catholique Chaldéenne a déclaré: «Il est regrettable que notre pays soit devenu le lieu où les pays étrangers règlent leur comptes alors que nous devrions être une nation souveraine, capable de protéger son territoire, ses richesses et ses citoyens. Devant cette situation aussi délicate que dangereuse, nous appelons les parties en présence à la modération.»
Mardi 31 décembre, des milices pro-iraniennes ont attaqué l'ambassade des États-Unis à Bagdad, provoquant une riposte américaine: l'assassinat du général Qasim Soleimani, haut dignitaire iranien, à Bagdad, le 3 janvier. Les Iraniens ont répondu le 8 janvier par des tirs de missiles contre deux bases militaires américaines en Irak. Le parlement irakien, de son côté a voté une résolution non contraignante demandant aux États Unis de retirer ses troupes du pays.