Début mai, Milad Goodrazi, Amin Khaki et Alireza Nourmohammadi ont été arrêtés. Ils sont accusés de «propagande et enseignement déviants contraire à la sainte religion de l'islam», à cause de leurs activités chrétiennes. Ces 3 membres de l'Église d'Iran, originaires de la ville de Fardis, près de Téhéran, sont les premiers chrétiens à tomber sous le coup du nouveau code pénal islamique.

«Propagande contre l'État»

Les 3 hommes ont dû s'acquitter d'une caution de 250 millions de tomans (10.000 euros) pour pouvoir être libérés. Ils sont dans l'obligation de se présenter chaque semaine au commissariat.

Ce n'est pas la première fois que ces 3 chrétiens sont pris pour cible par les services de sécurité iraniens. En 2019, ils ont été condamnés à une peine de prison pour «propagande contre l'État».

Dans la ville de Fardis, la police a également perquisitionné le domicile de 9 autres familles chrétiennes. Personne n'a été arrêté mais des effets personnels, dont de la littérature chrétienne, ont été confisqués. Ces chrétiens de Fardis ont dû signer un document dans lequel ils s'engageaient à ne plus avoir de contact entre eux, physiquement ou sur internet. Ils ont refusé.

Un code pénal islamique amendé 

Les amendements aux articles 499 et 500 du Code pénal islamique ont été adoptés le 20 mai 2020 par le parlement iranien. Le président iranien Hassan Rohani les a ratifiés le 18 février dernier. 

L’article 500 prévoit désormais une peine de 2 à 5 ans d’emprisonnement, avec amende voire flagellation. L'infraction: «toute activité éducative ou prosélytique déviante» des membres de «sectes» qui «contredisent ou interfèrent avec la loi sacrée de l’islam». Que ce soit dans la sphère réelle ou virtuelle.

Différentes organisations de défense des Droits de l'Homme s'étaient élevées contre ces amendements. Elles dénoncent des lois répressives qui étouffent encore un peu plus les libertés individuelles.

Les nouveaux amendements au code pénal sont «une catastrophe» et «un mauvais service rendu à la justice», a déclaré Mansour Borji, directeur du plaidoyer de l'ONG Article18. Ces amendements «apporteront plus d'ambiguïté à un ensemble d'accusations déjà ambiguës», a-t-il déclaré. «(Ils) réduiront les chances qu'un juge puisse agir de manière plus tolérante envers les membres des églises de maison, en offrant une plus grande marge de manœuvre dans la loi pour porter des accusations sur ces motifs vaguement définis.» 

Source: Article 18.