Le nouveau rapport annuel d'Article18 met l'accent sur les nombreuses victimes qui préfèrent rester anonymes, par crainte de persécutions accrues.
«Malgré un nombre comparable de chrétiens arrêtés en 2023 par rapport aux années précédentes (166 arrestations documentées en 2023, contre 134 en 2022), moins de noms et de visages ont pu être rendus publics.» Tel est le constat du rapport, «Victimes sans visage: violations des droits des chrétiens en Iran», publié le 19 février dernier par Article18 en collaboration avec Portes Ouvertes, CSW et Middle East Concern. Très peu de personnes arrêtées ont accepté de rendre leur cas public, par crainte de représailles. Ce qui a conduit à un nombre croissant de «victimes sans visage».
Plus de victimes anonymes
Le rapport précise:
«À la fin de l'année 2023, au moins 17 des chrétiens arrêtés pendant l'été avaient été condamnés à des peines de prison allant de trois mois à cinq ans, ou à des peines non privatives de liberté telles que des amendes, la flagellation et, dans un cas, des travaux d'intérêt général consistant à creuser des tombes.»
Mais seules deux des personnes arrêtées ont été identifiées: les citoyens arméniens Elisa Shahverdian et son mari, Hakop Gochumyan, ce dernier étant toujours incarcéré à la prison d'Evin.
Une autre tendance a été observée pour l’année écoulée: le ciblage des distributeurs de bibles. Plus d'un tiers des arrestations visent des individus en possession de plusieurs exemplaires.
11 abus spécifiques
Au moins neuf chrétiens ont été graciés et libérés de prison. Mais «la majorité d'entre eux approchaient déjà de la fin de leur peine, qui concernait la pratique pacifique de leur foi et n'aurait donc jamais dû être prononcée en premier lieu», relève le rapport. Il met aussi en évidence 11 abus spécifiques du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) qui affectent la communauté chrétienne iranienne. Notamment ceux relatifs à la liberté de religion ou de conviction, d'opinion et d'expression, à la liberté de réunion pacifique et à la protection contre les arrestations arbitraires, la détention et la torture…
Il démontre également comment les pressions exercées sur les individus et leurs familles se poursuivent même après la libération d'une personne arrêtée ou emprisonnée. Sept types différents de pressions post-prison sont répertoriés: la surveillance et le harcèlement continus, le refus d'emploi et d'éducation, de nouvelles accusations ou la réouverture de dossiers… Tout ceci fait qu'il est de plus en plus difficile pour les chrétiens de rester en Iran.
Vous pouvez lire le rapport complet ici.
Source: Article18