Depuis le début de l'année, ce sont 5 chrétiens qui ont pu sortir de prison. Parmi eux, Youcef Nadarkhani, harcelé depuis plus de 15 ans par les autorités.
En un mois, au moins cinq chrétiens iraniens ont été libérés de prison: Saheb Fadaie, Moslem Rahimi, Mehdi Rokhparvar, Youcef Nadarkhani et, tout dernièrement, Milad Goodarzi. La raison? Un «pardon» spécial accordé aux prisonniers politiques à l’occasion du 44ème anniversaire de la Révolution islamique en Iran. Ces libérations ne sont pas synonymes d'un changement d'attitude du régime vis-à-vis des chrétiens ou d'une reconnaissance de leurs droits. Mais nous pouvons nous réjouir de savoir que ces cinq chrétiens retrouvent la liberté, après Naser Navard Goltapeh et Fariba Dalir en octobre dernier.
Des libérations qui interrogent
Il est difficile de comprendre pourquoi un certain nombre de chrétiens peuvent sortir de prison ces derniers mois. Plusieurs pistes sont avancées: des prisons surpeuplées, l'effet des campagnes de soutien aux prisonniers, une volonté de l'Iran de redorer son image à l'international... Les chrétiens qui sont graciés ont généralement déjà servi une grande partie de leur peine.
Saheb Fadaie, qui avait été condamné avec Youcef Nadarkhani, a été le premier à être libéré sans condition le 9 février, retrouvant le jour-même sa femme et sa fille. Moslem Rahimi, converti fréquentant la même église que Sahed, est libéré 6 jours plus tard. Mehdi Rokhparvar, condamné à cinq ans de prison pour avoir «formé un groupe chrétien évangélique illégal», est lui-aussi gracié.
Le 4 mars, Milad Goodarzi est libéré de la prison centrale de Karaj, après avoir été condamné à cinq ans de détention en juin 2021 pour «propagande contre le régime islamique».
Pour sa part, le pasteur iranien Youcef Nadarkhani a été libéré dimanche 26 février après cinq ans de détention dans la prison Evin, à Téhéran. Il avait été arrêté en juillet 2017 avec trois autres chrétiens d’arrière-plan musulman et condamné à 10 ans de prison. Le motif de leur condamnation, «agir contre la sécurité nationale en propageant des églises de maison et en promouvant un christianisme "sioniste"», est couramment avancé contre les chrétiens en Iran. Malgré sa libération, Youcef devrait tout de même se soumettre à deux ans d’exil, dans une ville à plus de 2000 kilomètres de chez lui. Il pourrait aussi subir l'exécution d'une peine de coups de fouet.
Un combat de longue haleine
Youcef avait déjà été arrêté plusieurs fois par le passé. Il avait été détenu pendant deux semaines en 2006 pour avoir partagé l’Évangile à des musulmans. En 2010, c’est même une condamnation à mort qui fut prononcée contre lui, pour apostasie et évangélisation. Seule condition pour retrouver sa liberté: Youcef aurait dû renoncer à sa foi chrétienne et revenir à l’islam. Il a tenu bon et refusa de renier Jésus-Christ. Sous la pression de la mobilisation internationale, un nouveau procès eut lieu en 2012, qui permit la libération du pasteur.
Pour autant, lui et sa famille restent régulièrement aux prises avec la justice iranienne. En 2016, ils doivent verser, avec sa femme Tina, une caution de 33000$ sous peine d’être à nouveau arrêtés. Leurs fils Danial et Youeil subissent une discrimination forte dans leurs études à cause de leur foi chrétienne. En 2021, le groupe de travail des Nations unies déclare que les accusations contre Youcef et sa famille sont infondées, et que la détention du pasteur est «arbitraire».
Des prières de reconnaissance
Youcef s'est exprimé le jour de sa sortie de prison. Il rend gloire à Dieu pour sa libération. «Par la foi, je partage ses souffrances [de Christ], afin que, selon ses paroles, je partage aussi ses joies.»
«Aujourd'hui, je suis extrêmement heureux et je me réjouis, car j'ai vécu l'accomplissement de la promesse de Dieu, conformément à ma confiance en lui. Il m'a évité une longue détention.»
Le pasteur a exprimé sa reconnaissance à tous ceux qui ont prié pour lui lorsqu’il était en prison. Il affirme: «Tout ce que j'ai enduré est peu de chose en comparaison de ce que le Christ a fait pour nous.»
Source: Article 18