À la veille de Noël, le gouvernement iranien veut envoyer un signal fort aux chrétiens. La semaine dernière, 114 d'entre-eux ont été interpellés. La plupart a été relâchée ensuite.
114 chrétiens ont été arrêtés en Iran la semaine dernière. Le gouvernement veut «mettre en garde» les chrétiens contre le prosélytisme à Noël.
Les forces de l'ordre ne savent plus quoi en faire !
«Le nombre d'arrestations de chrétiens est stupéfiant», selon Mansour Borji, directeur de la défense des droits de l'homme au sein de l'organisation caritative britannique Article 18.
Selon lui, vu le grand nombre d'interpellations et parce que les forces de l'ordre «ne savaient pas quoi en faire», la plupart des personnes arrêtées ont été autorisées à rentrer chez elles au bout de quelques heures, voire quelques jours.
Elles ont dû écrire des détails sur leurs activités chrétiennes et ne doivent plus avoir de contact avec d'autres chrétiens ou groupes chrétiens. En revanche, les personnes soupçonnées d'être les responsables des groupes sont maintenues en détention.
Le mois dernier, 142 chrétiens ont été arrêtés dans «10 ou 11 villes différentes» à travers le pays et appartenant à différents groupes chrétiens.
Acharnement judiciaire sur Ebrahim Firouzi
Ebrahim Firouzi, 32 ans est en prison depuis 2013. Ce chrétien a été accusé d'avoir fait la «promotion du sionisme chrétien», puis, en juillet 2013 de «tentative de lancement d'un site web chrétien, de contact avec des étrangers suspects et de services religieux en ligne».
En août 2013, il a été emprisonné pendant un an et condamné à 2 ans d'exil dans la ville reculée de Sarbaz, près de la frontière pakistanaise, dans le Sud-Est de l'Iran. Il devait être libéré en janvier 2015, mais a été maintenu en prison et rejugé en mars 2015 sous de nouvelles accusations d'«agissements contre la sécurité nationale, de rassemblement et de conspiration». Il a été condamné à 5 autres années de prison, au cours desquelles il a été battu.
Ebrahim Firouzi est actuellement détenu à la prison Rajaei Shahr de Karaj. Sa vie est menacée, car il y côtoie des criminels dont certains sont issus du terrorisme et affiliés au groupe État islamique. Il n'a pas pu revoir sa mère Kobra Kamrani, décédée des suites d'un cancer le 3 décembre. Il n'a pu ni lui rendre visite, ni assister à ses obsèques.
Une grève de la faim pour se faire entendre
Dans une lettre datée du 16 juillet 2017, il écrivait:
«Le régime iranien ne peut ni établir ni reconnaître la foi chrétienne du peuple; cette question relève entièrement de la compétence de l'Église.»
Le lendemain, 17 juillet, Ebrahim Firouzi entamait une grève de la faim de 10 jours pour protester contre «les mauvais traitements infligés par les autorités judiciaires aux croyants chrétiens et aux nouveaux convertis».
D'autres chrétiens iraniens l'avaient déjà fait pour protester contre leur traitement: Maryam Naghash Zargaran, en 2016 critiquait le refus «cruel» de l'Iran de fournir des soins médicaux dans ses prisons, et Amin Afshar-Naderi, condamné à 15 ans d'emprisonnement dont 10 pour «atteinte à la sécurité nationale par l'organisation et la direction d'églises de maison» et 5 années supplémentaires pour blasphème.
En septembre dernier, l'ONG Amnesty International lançait une action pour demander la libération de quatre chrétiens iraniens et pour «mettre fin au harcèlement, aux arrestations et détentions arbitraires et à l'emprisonnement des chrétiens, y compris les convertis, en Iran».