Un tribunal indien a jugé que le fait d'épouser un chrétien ou d'afficher des symboles religieux chrétiens ne doit pas priver le citoyen des allocations que lui verse l'État.
Enfin une décision de justice encourageante pour les chrétiens indiens! Et plus particulièrement pour les Dalits (intouchables), qui se trouvent au bas de la pyramide sociale. En septembre, la Haute Cour de Madras, dans l'État du Tamil Nadu, dans le Sud de l'Inde a statué: ce n'est pas parce qu'un citoyen porte une croix ou fréquente une église, qu'il s'est forcément détourné de ses origines hindoues. Il n'y a donc pas de raison de le priver des allocations que l'État verse aux hindous.
Lésée, elle obtient gain de cause
Ce verdict fait suite aux réclamations de Madame Muneeswari. Elle s'était tournée vers la Haute Cour pour faire valoir ses droits. En 2013, les autorités lui avaient retiré le certificat prouvant son appartenance à la classe des Dalits, et qui lui confère des aides de la part de l'État. On lui reprochait d'avoir épousé un chrétien, d'élever leurs enfants dans la foi chrétienne et d'avoir accroché une croix sur le mur de sa clinique.
Les juges se sont prononcés en déclarant que les autorités avaient fait preuve «d'une certaine étroitesse d'esprit que la constitution n'encourage nullement». Elles ont ordonné que le certificat soit restitué à Madame Muneeswari.
«Un revers majeur»
Un analyste de la persécution chez Portes Ouvertes commente cette décision de justice:
«C'est un revers majeur pour les groupes nationalistes hindous.»
Il précise: «Jusqu'à présent, quand un Dalit hindou se convertissait au christianisme, il perdait son appartenance aux "castes répertoriées" (castes traditionnellement considérées comme "intouchables") et les avantages qui lui sont attachés dans le cadre de la politique de discrimination positive mise en place par l'État. La décision de la Haute Cour de Madras renverse cet état de fait.»
Cela fait des années que les militants dalits chrétiens militent en vain pour que la législation évolue. Jusqu'à cette décision de justice qui crée un précédent.