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Au Nord du Cameroun, un groupe de femmes chrétiennes est devenu économiquement autonome pour mieux faire face à la persécution et continuer à évangéliser.
Auristine n’en revient toujours pas. Le savon qu’elle fabrique et qu’elle vend s’achète jusque dans la capitale, Yaoundé. Avec son groupe «Femmes Capables», elle se sent prête à aller très loin – sur le plan économique et spirituel. Son mari est pasteur à Garoua, une localité dans le Nord du Cameroun, où les musulmans sont majoritaires. Certes, la persécution contre les chrétiens n’est pas aussi intense que dans l’extrême Nord du pays, où sévit Boko Haram, mais les chrétiens sont souvent tout de même défavorisés au sein des villages et sur les marchés. Dans ce contexte, les femmes chrétiennes se sentent souvent impuissantes.
Tout a changé pour Auristine en 2019, quand elle a suivi un séminaire organisé par des partenaires de Portes Ouvertes, pour sensibiliser les femmes au risque de persécution et les encourager dans leur mission d’évangélisation. Après avoir suivi ce séminaire, elle a décidé avec six autres femmes de créer le groupe «Femmes Capables».
Générer du revenu
L’objectif était de continuer à faire des femmes de véritables disciples: qu’elles prennent part à l’évangélisation de leurs proches, qu’elles soient formées sur le plan biblique, qu’elles soient prêtes à d’éventuelles persécutions et qu’elles soient… autonomes sur le plan financier. Car quand la persécution arrive, si elles sont démunies financièrement, la persécution est encore plus intense.
Pour générer leur propre revenu de façon autonome, Auristine et ses amies ont décidé de fabriquer de l’huile de neem, qui s’obtient à partir de graines de margousier. Cette huile est un biopesticide recherché en Afrique pour ses vertus insecticides, antiparasitaires et répulsives, efficace dans le traitement contre les poux. «Les graines de margousiers ne nous coûtent quasiment rien. Elles tombent des arbres. Nous les achetons aux villageoises 3000 francs le sac et nous revendons l’huile 6000 francs le litre. C’est un énorme profit!»
«Femmes Capables»
Aujourd’hui, «Femmes Capables» compte douze groupes à travers les localités où est implantée l’église d’Auristine. En plus de l’huile, certaines femmes fabriquent du savon et même de la tisane de kinkéliba, connue pour ses bienfaits médicinaux. «Toutes ces femmes sont autonomes financièrement et participent à la croissance économique de leurs maisonnées et de leurs églises» se réjouit Auristine.
«Grâce à l’huile de neem, nos voisines musulmanes ne peuvent plus nous concurrencer sur les marchés» - Auristine
Mais ce n’est pas tout: «Nous avons de l’argent sur nos comptes en banque à tel point que nous pouvons accorder des prêts à celles qui veulent lancer des projets.»
Dans ce contexte, ces femmes du Nord-Cameroun sont bien mieux équipées pour évangéliser et plus fortes pour résister à la persécution quand elle survient.