En Égypte, l’église de Kom El-Raheb a été scellée 60 minutes après le début de son inauguration !
À peine 60 minutes après le début de son inauguration officielle, l'église de Kom El-Raheb a été fermée par la police, dans la région de Minya en Haute-Égypte.
À la fin de l'année dernière, la communauté chrétienne de Kom El-Raheb avait pu acheter un bâtiment au centre du quartier chrétien pour organiser ses offices religieux et les rendre accessibles à tous. L’édifice a été meublé et, le 9 décembre, une célébration d’inauguration a eu lieu. Seulement 60 minutes après le début de la réunion, la police forçait la fermeture de l'église. Un témoin raconte :
«La police a confisqué les clés du bâtiment de l'église, l'a fermé, l'a sécurisé avec de nouvelles serrures et lui a assigné des gardes de sécurité.»
Des musulmans du village en colère s'étaient plaints de l’installation de l’église et avaient même menacé de violence. Ils laissaient aux chrétiens le droit de terminer la messe, mais ce serait la seule.
Début décembre, des chrétiens de tous âges se sont rassemblés dans les rues de Kom El-Raheb pour prier. Ils ne comprennent pas le fait d’avoir été chassés de leur église pourtant légale selon la loi égyptienne. Aujourd’hui, les 3 000 chrétiens de Kom El-Raheb partagent un bâtiment avec six autres villages. Il est situé à 7 kilomètres, ce qui rend son accès difficile pour la plupart des fidèles.
Fermeture d'église la veille de Noël
Le village de Manshiat Zaafaran, également dans le gouvernorat de Minya, a connu une situation similaire début janvier. Les chrétiens, qui représentent 40% de la population du village, ont célébré le Noël copte durant une semaine. La veille de Noël, des opposants sont entrés par effraction dans l'église et, le 11 janvier, une foule de plus de 1 000 personnes a entouré l'édifice religieux, criant que l'église devait être fermée. Les agents de police ne sont pas intervenus. Barsoum, un membre de l'église raconte :
«Ils ont cédé aux exigences des agresseurs, nous ont expulsés de l'église et l'ont ensuite fermée à clé jusqu'à nouvel ordre.»
Les opposants ont ensuite célébré bruyamment leur victoire dans la rue après la fermeture de l'église de Manshiat Zaafaran (vidéo).
Un scénario qui se répète
D’après le prêtre copte Dawood Nashed, de Minya, «le scénario est souvent le même. Les musulmans lancent des pierres sur l'église ou attaquent des maisons chrétiennes pendant la prière. Les assaillants comme les victimes sont arrêtés, puis doivent participer à une rencontre de conciliation qui, en général, aboutit sur la libération de tous les prisonniers, mais aussi et surtout sur la fermeture de l'église.
Il arrive même que les chrétiens ne puissent même pas se réunir chez eux, faute d'église, pour célébrer un enterrement. Par exemple, le vendredi 31 août à Dimshau Hashim, des centaines de villageois en colère ont attaqué des habitations coptes et ont fait 2 blessés. Ils protestaient contre l’organisation d’une réunion de prière au domicile d’un copte.
La population s'oppose à la présence des églises
En Égypte, un processus de légalisation des églises est en cours depuis 2016. Il y a 2 ans, 3 500 églises étaient en attente d'un enregistrement officiel, certaines depuis plus de 20 ans! 340 églises ont depuis reçu un agrément de la part du gouvernement.
Mais cela a donné lieu à de nombreuses réactions hostiles de la population. En 2018, des dizaines d'églises ont été fermées de force par les autorités en Haute-Égypte, et ce, en parallèle avec le processus d'officialisation.