Le BJP, parti de Narendra Modi au pouvoir depuis 2014, a remporté les élections législatives. Les chrétiens craignent une recrudescence des persécutions mais ont aussi des raisons d'espérer.
Dimanche 9 juin, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a de nouveau prêté serment. Son parti, le Bharatiya Janata Party (BJP,) a en effet remporté les élections législatives pour la troisième fois consécutive. Il a néanmoins perdu la majorité absolue et ne pourra gouverner que grâce à des alliances avec d’autres partis politiques. Dans ce contexte post-électoral, les chrétiens indiens sont à la fois inquiets et pleins d’espérance.
Les craintes légitimes des chrétiens
Inquiets, parce que l'intolérance à l'égard des minorités religieuses n'a fait que se renforcer depuis l'arrivée au pouvoir du BJP. Priya (pseudonyme), partenaire de Portes Ouvertes, explique:
«Les attaques contre les chrétiens sont devenues systématiques et n'ont fait qu'augmenter.»
Selon Priya, l'idéologie portée par le BJP a encouragé les extrémistes hindous à s'en prendre aux chrétiens, le plus souvent en toute impunité.
Sans compter les lois anticonversions déjà adoptées dans douze États, qui envoient en prison de nombreux chrétiens accusés à tort de «conversions forcées». Priya développe: «Les pasteurs sont emprisonnés sur la base de fausses accusations, les églises sont fermées et les chrétiens sont contraints de se reconvertir à l'hindouisme».
De plus, une loi appelée «Code civil unifié» pourrait prochainement mettre fin à certaines protections juridiques dont bénéficient les chrétiens.
3 raisons d'espérer
Les églises ont encouragé les chrétiens à voter dans l'espoir d'un changement. Ces derniers voient aussi dans les résultats des raisons d'espérer:
- Le BJP n'a plus la majorité absolue. Les résultats serrés montrent que le peuple indien aspire à un gouvernement plus équilibré.
- Avec un parlement plus diversifié, il sera plus compliqué de faire passer une législation pénalisant les chrétiens, comme une loi anticonversion à l'échelle nationale.
- Avec davantage de députés opposés à une vision communautaire, les minorités religieuses ont plus de chances d'être écoutées et prises en compte.
Selon Priya, «Les chrétiens croient que le résultat vient de Dieu, qui leur donnera la force et la grâce de faire face à la situation».
Rahul Reddy (pseudonyme), partenaire local de Portes Ouvertes, y voit une belle raison d’espérer:
«Les résultats en Inde sont un petit pas dans la bonne direction.»
Il s'explique: «L'avenir reste imprévisible. Les nationalistes hindous continuent à propager leur rhétorique et la persécution se poursuivra. Mais avec plus d'oreilles bien disposées au gouvernement, nous avons plus de chances d'être entendus».