Dans quelques jours, mercredi 25 juillet, 342 députés et le Sénat (104 sièges) seront élus au Pakistan. S'ajoutent des élections dans les quatre provinces que compte le pays. Des sièges à l'attention des minorités à peu près égales de chrétiens et d'hindous sont prévus. Tout indique que les chrétiens y seront à nouveau clairement sous-représentés.
Au Pakistan, le système politique prévoit deux types de sièges: des sièges généraux, tout d'abord, qui sont pourvus par élection directe et pour lesquels n'importe qui peut se porter candidat. Ceux-ci sont essentiellement remportés par les musulmans. Ensuite, certains sièges sont spécifiquement réservés aux femmes et aux minorités. Ceux-ci sont pourvus par les partis en fonction du nombre de sièges généraux qu'ils ont remportés.
Ces sièges minoritaires ne sont pas attribués par le biais d'élections, mais répartis entre les partis politiques, en fonction de leur taille. Dans la pratique, le système s'est avéré beaucoup plus bénéfique pour la minorité hindoue que pour la minorité chrétienne. Bien que toutes deux représentent environ le même pourcentage de la population totale, les chrétiens ne reçoivent environ que la moitié des sièges attribués au peuple hindou et sont donc gravement sous-représentés.
Seulement 2 à 3 sièges prévus pour les chrétiens
Les élections auront lieu le 25 juillet, mais les nominations pour les sièges réservés ont été soumises par les différents partis à la Commission électorale du Pakistan le 11 juin déjà. Les hindous et les chrétiens représentent chacun environ 1,6% de la population totale. Au parlement national, 342 sièges sont à repourvoir, dont 10 (2,92% des sièges) sont réservés aux minorités.
D'après les nominations, les prévisions tablent sur six ou sept des dix sièges réservés attribués aux hindous (1,75 à 2,05 %) contre deux à trois aux chrétiens (0,58 à 0,88%), le dernier revenant à la communauté zoroastrienne, selon les prévisions (0,34%).
Au cours des cinq dernières années, six hindous, trois chrétiens et un zoroastrien ont occupé les dix sièges réservés de l'Assemblée nationale. Avant cela, de 2008 à 2013, la répartition était de huit hindous et deux chrétiens.
La précarité financière en jeu
Nombreux sont les membres de minorités religieuses à dénoncer ce système de sièges réservés. Une critique courante à son encontre consiste à observer que les partis n'hésitent pas à nommer des représentants acquis à leur cause au lieu de soutenir ceux qui s'engageraient à défendre les intérêts des minorités respectives. William Barkat, chrétien de la province du Baloutchistan et membre de l'assemblée du dernier gouvernement, a déclaré que beaucoup de riches hommes d'affaires hindous de la province de Sindh ont récompensé leur parti d'énormes sommes d'argent pour décrocher un siège réservé aux minorités :
«Les chrétiens sont pour la plupart très pauvres et ne peuvent pas payer pour figurer sur les listes prioritaires», explique William Barkat. «Les fonctions les plus en vues sont attribuées à des hindous financièrement très fortunés», dit pour sa part l'ex-parlementaire chrétien George Clement.
«Les cultures hindoue et sikh sont beaucoup plus attrayantes pour la majorité musulmane pakistanaise que la culture chrétienne. La relation avec les chrétiens est complexe. Ils sont parfois perçus comme des personnes inférieures, parce qu'ils sont issus de familles pauvres, travaillant comme balayeurs ou nettoyeurs et considérés comme impurs pour beaucoup de musulmans. De plus, ils sont toujours associés aux anciens maîtres coloniaux britanniques et sont perçus, par extension, comme responsables de la guerre occidentale contre le terrorisme.»
Selon M. Clement, ces sièges servent davantage les intérêts financiers et électoraux des partis que les minorités, mettant d'office les chrétiens hors-jeu.
Représentation indépendante requise
Tahir Mehdi, analyste politique musulman et défenseur des minorités, est favorable à l'abolition des sièges réservés. «Tout système de représentation basé sur la religion élargit le fossé entre les minorités et la majorité.» Il propose que les minorités soient représentées au parlement par le biais de sièges indépendants des principaux partis musulmans.