Alors que certains étaient blessés suite à l’attaque de leur église, 9 coptes ont été arrêtés par la police le 26 mai au Nord de l'Égypte. Ils ont subi des pressions pour les forcer à abandonner leur plainte.
C'est encore un coup dur pour la communauté chrétienne copte d'Égypte. Samedi 26 mai après-midi, un groupe d'extrémistes islamiques a attaqué une église Mar Morcos au village d'Abou El-Shuqaf, dans le gouvernorat de Beheira.
La police, arrivée sur les lieux deux heures après, a arrêté 11 personnes parmi les agresseurs ainsi que 9 coptes victimes de leurs violences. Ces derniers ont été contraints à «se réconcilier avec les agresseurs et à retirer leur plainte». Le responsable de l'église, Aghabius Mounir, a aussi dû retirer sa plainte pour le pillage de sa voiture en échange de leur libération. Dans le même temps, la police a libéré les 11 extrémistes sans que ces dernier ne soient inquiétés par la justice.
Un chrétien du village raconte l'attaque :
«Une grande foule s'est rassemblée devant l'église et a commencé à jeter des cocktails molotov, des briques et des pierres, en criant "Allahu akbar" et en scandant des slogans contre nous.»
Des blessés, des dégâts et des menaces
Durant l'attaque, 7 coptes ont été blessés. L’église a subi de nombreux dommages : des débris et des briques jonchent le sol à l’entrée et dans l’enceinte du bâtiment. La porte principale, en bois, a été brûlée et des fenêtres ont été cassées. La moto d’un copte, garée devant l’église, a été incendiée et la voiture du prêtre Aghabius Mounir, cassée puis renversée. Non loin de l’église, des maisons coptes ont aussi été la cible de jets de pierres et de briques.
Un autre chrétiens explique :
«Malgré tout ce qui nous est arrivé, nous avons encore reçu des menaces de certains musulmans dans notre village. Ils nous ont menacés en nous disant : "Nous purifierons le village de votre présence, oh kafir!" [infidèles]»
Les villageois refusent la légalisation de l'église
La question du statut de l’église semble être à l’origine de l’attaque. Le prêtre Aghabius Mounir avait soumis une demande de légalisation en vertu d'une loi de 2016 qui vise à faciliter la construction, la rénovation et la délivrance de permis aux églises. Le Comité de l'autorité du bâtiment prévoyait vraisemblablement d'inspecter le bâtiment en vue de légaliser son statut d'église cette semaine.
Un décret de l'ère ottomane encore en vigueur
Le bâtiment dans lequel elle se situe a été construit par des chrétiens en 2015. En janvier 2017, une demande de légalisation de ces locaux a été faite, puis les musulmans ont construit une mosquée, non loin de l'église. Or, selon le décret Hamayoni de l'ère ottomane, une église ne peut pas être construite à côté d'une mosquée. Le décret reste en place, ce, malgré la loi de 2016 sur la construction d'églises.
On recense une population de 9,52 millions de chrétiens en Égypte. Les coptes, bien que premiers habitants du pays, sont discriminés et considérés comme des citoyens de seconde catégorie.