Cuba vient de vivre un moment historique. Le président Raul Castro a passé la main à Miguel Diaz Canel, qui devient le premier président hors du clan Castro à diriger le gouvernement après 60 ans de régime castriste. Quelles seront les conséquences pour l’Église cubaine ?
Avec l’arrivée du nouveau président cubain Miguel Diaz Canel, l’Église cubaine osera-t-elle espérer un assouplissement du régime ? Aujourd’hui, Cuba vit une situation sociale préoccupante : la violence et les difficultés économiques augmentent. Mais au-delà d’une politique communiste répressive et de grands défis sociaux l’Église peut être un facteur de changement. Des portes nouvelles s’ouvrent pour l’Église avec l’opportunité d’apporter de l’aide aux plus démunis : « Notre économie est en crise » dit un pasteur. « Beaucoup de personnes ne gagnent pas assez d’argent pour pourvoir à leurs besoins essentiels. La plupart des Cubains cumulent plusieurs postes pour joindre les deux bouts et nourrir leur famille. L’Église a une action sociale essentielle, surtout auprès des personnes âgées qui sont très pauvres. »
Les chrétiens connaissent une restriction de leur liberté
Cuba ne fait plus partie de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens depuis 2013 mais les chrétiens connaissent une restriction de leur liberté.
Les autorités invitent les responsables d’églises pour leur faire peur. Les menacer.
Les activités de l’Eglise sont contrôlées, les réunions publiques sont interdites, et des arrestations se produisent fréquemment lorsque les chrétiens se rendent à l’église. En 2017, l’Observatoire de la Liberté Religieuse en Amérique Latine a relevé plusieurs actions violentes contre les chrétiens, incluant 1 322 arrestations, 873 cas d’abus physiques ou psychologiques, 4 condamnations et 7 attaques contre des habitations pastorales. Un pasteur raconte : « Les autorités invitent les responsables d’églises pour leur faire peur. Les menacer. Tout est surveillé. Quand quelqu’un frappe à ma porte, je prie Dieu de me donner la sagesse de répondre. »
Une persécution quotidienne et peu visible
L’Église évangélique cubaine souffre encore d’un manque de reconnaissance officielle. De nombreuses églises attendent depuis 20 ans d’être reconnues légalement. Cette situation contraint beaucoup de croyants à se réunir illégalement.
La présence permanente d’espions dans les églises complexifie la situation. Un pasteur cubain relate le cas d’un espion infiltré dans une église pendant des années, contestant l’équipe pastorale et provoquant des conflits internes. Véritables loups déguisés en agneaux, ces agents dupent pasteurs et assemblée : « Ils sont tellement bien formés, parlent et se comportent de telle manière qu’on dirait de vrais évangéliques… Ils participent même aux décisions de l’église ! »
Cette persécution, subtile et sournoise, ne semble pas devoir s’améliorer avec l’arrivée du nouveau chef d’État : rien n’indique que le parti communiste au pouvoir changera sa position dans un avenir proche. Rappelons que la révolution cubaine avait mené en 1959 au renversement du gouvernement de Fulgencio Batista et à la prise du pouvoir par Fidel Castro. Jusqu’aux années 1990, la répression religieuse s’exerçait très sévèrement. Au plus fort de la Révolution de nombreux pasteurs ont dû fuir. D’autres étaient envoyés en camp d’enfermement où beaucoup sont morts. Néanmoins, l’Église a connu un réveil spirituel important. Ce réveil se poursuit aujourd’hui, et s’accompagne d’un soutien aux plus démunis.