Cela fait plus de 40 jours que l'Inde est à l'arrêt en raison de la pandémie de Covid-19. Elle entame depuis le 4 mai un déconfinement très progressif. Depuis le 24 mars dernier, date de début du confinement, la persécution contre les chrétiens n'a malheureusement pas baissé, et a même plutôt empiré dans les zones rurales. Plusieurs cas d’attaques, de menaces ou de fausses accusations contre nos frères et sœurs ont été rapportés. Un de nos partenaires locaux relate: 

«La pandémie n’a pas stoppé la persécution croissante envers les chrétiens.»

Il ajoute:

«Nous recevons des informations concernant des persécutions dans de nombreuses régions du pays, même si le gouvernement a ordonné de rester chez soi. En fait, nous pensons que durant cette période de confinement, les chrétiens souffrent encore plus qu’avant, surtout que beaucoup d’entre eux doivent aussi faire face à des problèmes financiers, s’ajoutant à l’opposition et à la haine du reste de la population.»

Accusés pour avoir refusé les remèdes du chaman

Par exemple, Shyam (pseudonyme), affronte avec sa famille l’hostilité constante de son village. Depuis que Shyam et sa famille ont refusé de prendre des remèdes Ayurveda (une médecine alternative hindoue) préparés par le chaman du village, les villageois redoublent de haine et de moqueries à leur encontre. Tout le reste du village utilise ces remèdes car la rumeur veut que ces remèdes hindous protègent du coronavirus. Ceux qui ne prennent pas de ces remèdes sont supposés être infectés par le Covid-19. Ainsi, Shyam et sa famille (qui n’ont pas pris de tels remèdes) ont été accusés d’être secrètement infectés par le virus.

Empêchée de lire la Bible

La persécution est aussi encore plus difficile pour ceux qui croient secrètement, car ils ne peuvent plus désormais trouver d'opportunités pour échapper au regard de leurs familles, afin de lire la Bible et de prier. Kavita (pseudonyme), témoignait des abus graves auxquels elle fait face de la part de son mari lorsque qu’elle tente de prier et de lire la Bible dans leur maison. Avant le confinement, elle passait du temps dans la prière pendant qu’elle travaillait dans les champs. Désormais, avec le confinement, il lui est difficile de prendre du temps dans la prière.

Frappé en revenant d'une réunion de prière

Autre persécution vécue par Vinay (pseudonyme), le pasteur d’un petit village, qui a été attaqué brutalement alors qu’il revenait chez lui, après une réunion de prière (dans une église de maison). Plusieurs extrémistes hindous l’ont attrapé et menacé. Puis ils ont cassé son vélo et l’ont frappé violemment. Après l’attaque, Vinay s’est rendu au poste de police pour porter plainte. Mais les policiers ont refusé de prendre sa plainte et l’ont chassé du poste.

Toute une communauté piégée et une jeune fille disparue

Une des attaques visait toute une communauté de chrétiens. Des extrémistes locaux ont forcé les chrétiens de la région à venir dans la salle communale. Une fois que les croyants étaient réunis, les villageois les ont frappés. Un chrétien a appelé la police durant l’attaque mais les coups continuaient. Désormais, les chrétiens de la région vivent dans une crainte permanente. 

Une jeune fille a disparu durant cette attaque et n'a plus donné signe de vie. La police n’a rien fait pour la retrouver, même après qu’une plainte ait été déposée par les parents.

Une famille attaquée chez elle, une fille blessée par balle

Le drame le plus grave durant cette période de confinement est surement celui-ci: une jeune fille du nom de Jyothi (pseudonyme), a été blessée par balle par des extrémistes hindous à la mi-avril. Alors que Jyothi et sa famille étaient à l’intérieur de leur domicile, des individus sont entrés de force et ont tiré des coups de feu, touchant la jeune fille au bras et à la cuisse. Étant donné que Jyothi et sa famille avaient déjà reçu des menaces en raison de leur foi chrétienne, la famille pense que la fusillade était l'œuvre d'extrémistes religieux.

La partie visible de l'iceberg

Ces exemples de persécutions ne sont que la partie visible de l’iceberg. Les partenaires de Portes Ouvertes rapportent que de nombreux faits de persécution n’ont pas été divulgués à cause du confinement et du manque de matériel de communication dans ces zones rurales.