Dans la nuit du 23 octobre, les habitants du quartier chrétien de Masosi à Oicha, dans la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), ont été attaqués par le groupe extrémiste ADF. 35 personnes ont été tuées.
Lorsque les coups de feu ont retenti au milieu de la nuit, les habitants ont d'abord pensé que des voleurs étaient entrés dans le village. «Mais lorsque le crépitement des balles a duré une heure, nous avons compris qu'il s'agissait des "forces démocratiques alliées" (ADF)», explique Mumbere, un responsable de jeunesse chrétien au sein de la communauté.
Un massacre de plus
Alors que plusieurs habitants couraient pour s'échapper, certains ont été rattrapés par les hommes armés et tués à coups de machette. D'autres sont morts sous les coups de feu. Les terroristes ont aussi mis le feu à douze maisons, incendiées avec leurs occupants.
«De nombreuses personnes, mères, femmes et enfants, ont été exécutées et décapitées», a expliqué le révérend Gabriel, responsable de l'église d'Oicha.
Le village est méconnaissable: les magasins ont été pillés, les habitations brûlées et de nombreux croyants sont encore portés disparus. Au moins 12 enfants figurent parmi les victimes; ce chiffre pourrait être plus élevé.
La communauté chrétienne d'Oicha était encore endeuillée par les précédentes violences: le 4 octobre, le pasteur Mbusa Lisasi, père de six enfants, et son frère, ont trouvé la mort après avoir été kidnappés. Le 22 octobre, un couple de l'école pastorale d'Oicha avait été tué.
Protestations contre l'insécurité grandissante
Le lendemain de l'attaque, les habitants de Masosi sont descendus dans la rue, portant les cadavres des victimes, pour dénoncer le manque de sécurité dans la région.
«Nous n'avons pas besoin d'aide humanitaire, mais nous voulons être en sécurité», a déclaré un manifestant.
Les chrétiens du Nord-Kivu sont régulièrement pris pour cible par les combattants de l'ADF. Ce groupe terroriste islamiste sévit dans plusieurs pays d'Afrique Subsaharienne. Il aurait tué au moins 370 civils depuis avril 2022, selon les Nations Unies.
La fuite, seule solution
Cette situation d'insécurité permanente affecte profondément les chrétiens. Pour protéger leurs familles, beaucoup quittent la région. Depuis l'attaque, Masosi a été vidée de sa population. La plupart des habitants ont fui pour se mettre à l'abri.
«La population chrétienne d'Oicha est désespérée et désillusionnée», a déclaré un partenaire de Portes Ouvertes. «Ils perdent espoir.»
La communauté chrétienne sur le terrain demande la prière.
«Beaucoup de ces personnes sont des chrétiens, ils étaient des serviteurs de Dieu et des enseignants dans nos écoles… c’est l’Église qui est attaquée. Nous appelons le monde entier à prier pour nous, pour le territoire de Beni, pour les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri», exprime le Révérend Gabriel.