Pâques 2020 restera dans nos mémoires. Pas de culte en église, pas de repas de famille... Et en Syrie? Deux pasteurs racontent comment leurs assemblées vivent ce moment.
Au Proche et Moyen-Orient, les minorités chrétiennes sont très attachées aux célébrations de Pâques. Il s'agit pour elles d'un des rares moments où elles peuvent exprimer leur foi publiquement. En Syrie, confinement oblige, toutes les activités d'églises ou presques sont passées sur internet.
Le pasteur George habite à Lattaquié, située sur la côte Ouest de la Syrie. La ville n'est pas encore affectée par le covid-19 mais le bâtiment de l'église évangélique libre dont il a la responsabilité a été fermé par précaution. Pour lui, Pâques en confinement est aussi l'occasion de revenir à l'essentiel: «Honnêtement, je m'attends à ce que le covid-19 rende la célébration de Pâques plus profonde. Pâques est trop souvent synonyme de beaux habits, et de bons repas. Mais maintenant, nous avons l'occasion de réfléchir à la véritable signification de Pâques.» Il ajoute:
«Nous pouvons nous arrêter sur la réalité de la résurrection de Jésus loin de tous les détails matérialistes superficiels sans importance.»
La célébration de Pâques sera diffusée sur internet depuis le Liban, où se trouve l'église mère de celle de Lattaquié. Le pasteur George passe beaucoup de temps en ligne à encourager chacun mais la connexion internet n'est pas toujours à la hauteur et les coupures ne sont pas rares.
Le pasteur maintient le contact avec l'assemblée via l'application WhatsApp. «J'ai créé un groupe pour presque tout le monde. Je leur envoie une méditation matinale tous les jours. J'envoie aussi des chants de louange et des prières au groupe. Grâce à Internet, nous avons un bon moyen de communiquer et de ne pas nous éloigner les uns des autres. Un point positif est que je peux accorder une attention personnelle aux personnes qui sont nouvelles dans la foi grâce à WhatsApp".
Célébrer Pâques en ligne
Le pasteur David (pseudonyme) dirige quant à lui une église dans le Sud de la Syrie. Il raconte:
«Malheureusement, nous ne pouvons plus célébrer Pâques à l'église comme nous le faisions auparavant. Mais nous ne laisserons pas cela nous priver de notre joie en cette glorieuse occasion.»
Comme chez nous, le téléphone et les réseaux sociaux ont pris le relais pendant le confinement:
«Nous faisons toutes les activités de l'église en ligne. L'un des principaux défis auxquels nous sommes confrontés est la faiblesse de la connexion internet. De plus, certains membres de l'église n'ont pas de téléphone moderne, et bien sûr, les coupures d'électricité répétées dans la plupart des régions rendent la communication avec certains membres impossible. Nous leur envoyons des messages vocaux.»
Le pasteur David ne se résoud pas à un confinement total. Il fait encore quelques visites. «Lorsque c'est nécessaire, je rends encore visite à certains croyants, je ne reste pas longtemps et je prends les précautions qui s'imposent.»
Les deux pasteurs sont unanimes sur un point: le fait de profiter de Pâques et du confinement pour passer du temps avec Dieu et nos familles.