50 morts au Nigéria, 500 chrétiens expulsés en Inde, des arrestations en Iran… Tel est le prix que l’Église persécutée a payé pour passer à la nouvelle année.
Combien de chrétiens persécutés dans le monde n'ont pas accès à la joie simple de se souhaiter le plus sereinement du monde «une bonne année et une bonne santé»? Les fêtes de Noël et du nouvel an sont souvent synonymes de persécutions accrues pour les chrétiens de certains pays. Le passage de 2022 à 2023 ne fait pas exception.
Arrestations, attaques et reconversions forcées
- Au Mozambique, le 30 décembre, des djihadistes ont tué au moins deux personnes et en ont blessé quatre autres dans un village de la province de Cabo Delgado. Le groupe État islamique du Mozambique affirme avoir attaqué le «village habité par des chrétiens.» Un villageois raconte: «Nous étions en train de préparer le dîner, quand nous avons commencé à entendre des coups de feu. Quand j’ai réalisé que c’étaient des terroristes, j’ai emmené ma famille et nous nous sommes enfuis.» Les forces gouvernementales ont lancé plusieurs opérations pour arrêter les djihadistes, mais les affrontements ont forcé les villageois à fuir.
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En Iran, le 26 décembre, des agents du renseignement ont fait une descente dans une église de maison alors qu’une célébration de Noël était en cours. Le pasteur Abdolreza (Matthias) Haghnejad et deux autres convertis ont été arrêtés et transférés dans la prison de Lakan à Rasht. Le 3 janvier, Anahita (Anna) Khademi, épouse du pasteur Matthias, a été convoquée dans les bureaux du renseignement à Bandar Anzali, arrêtée et transférée à Rasht.
Le pasteur Matthias (Iran) © Article 18
- Au Nigéria, juste avant Noël, des tribus peules ont attaqué divers villages chrétiens dans les États de Kaduna et de Enugu. Les hommes armés seraient entrés dans les villages en commençant à tirer, puis auraient crié «Allahu Akbar» («Allah est grand»). On déplore une cinquantaine de morts en tout, et une centaine d’habitations détruites. Les victimes affirment qu’elles ont à chaque fois prévenu les forces de l’ordre avant les attaques, mais que les autorités ont systématiquement refusé d’intervenir pour défendre des chrétiens.
La charge émotionnelle traumatique de ces événements a été aggravée le week-end de Noël par une attaque de bandits de grande ampleur dans l’État de Zamfara. Cette fois-ci, l’armée est intervenue pour défendre les habitants. Elle affirme avoir tué 190 bandits. Mais l’Agence France Presse déplore des
«dommages collatéraux», notamment une centaine de morts civils et des dizaines de blessés. Les chrétiens de la région soupçonnent que ces attaques s’inscrivent dans une campagne ciblée, destinée à perturber les célébrations chrétiennes de Noël.
- En Inde, dans l’État de Chhattisgarh, 500 chrétiens tribaux ont été expulsés de leurs villages après la destruction de leurs maisons. Leurs agresseurs les ont forcés à se reconvertir à l’hindouisme, lors d’une cérémonie appelée «Gharwapsi» (retour à la maison). Les chrétiens déplacés logent actuellement dans des stades en plein air, avec très peu d’eau, de nourriture, de vêtements et de couvertures.
Situation politique inquiétante
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En Tunisie, la nouvelle situation politique semble en ce début d’année bien défavorable aux chrétiens. Le président Kais Saied, après son coup d’État de l’été 2021, a dissout le Parlement démocratiquement élu. Il s’est accordé l’équivalent des plein-pouvoirs à travers une nouvelle Constitution. Il a convoqué de nouvelles élections législatives mi-décembre que plus de 80% de la population a boycottées. Selon un porte-parole de Portes Ouvertes sur place:
«La position de l’Église va continuer à se détériorer si l’actuel président reste au pouvoir».
Le passage de 2022 à 2023 s’est donc fait dans un climat de tension, pour les chrétiens persécutés de plusieurs pays. Alors que la persécution se durcit d’année en année, comme le confirment les résultats de l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens, ces faits de persécution ne sont malheureusement pas surprenants. Cette liste non exhaustive donne un triste aperçu de ce que vit l'Église persécutée à l’aube de 2023. Une aube dont la lumière ne faiblit pourtant pas: de nombreux chrétiens opprimés ne sont pas résignés et se montrent bien décidés à persévérer au milieu de la tempête.