Difficultés économiques, surveillance extrême: dans l'Ouest de la Chine, le quotidien des chrétiens d'origine musulmane est une lutte de tous les instants.
En Chine, c'est dans l'Ouest montagneux et faiblement peuplé que se concentrent les minorités. On y trouve notamment de nombreux chrétiens d'origine musulmane.
Des besoins matériels
Ces chrétiens d'arrière-plan musulman subissent de plein fouet le marasme économique de la région et les restrictions de déplacement liés à la pandémie. Leur préoccupation première est donc de trouver du travail pour subvenir aux besoins de leur famille. Ils sont également confrontés à la brusque hausse des prix du charbon, qu'ils utilisent quotidiennement pour cuisiner et se chauffer dans cette région froide et montagneuse. Depuis que les autorités obligent les habitants à consommer du charbon local plutôt qu'importé, les prix ont triplé et les chrétiens n'ont plus les moyens d'en acheter.
Mais leurs besoins ne sont pas que matériels.
La Bible: une denrée rare
Les chrétiens d'origine musulmane manquent de bibles. Quand les autorités ont purgé la région de toute littérature religieuse, les chrétiens ont dû céder leurs bibles papier. Ils pensaient en télécharger une autre version facilement. Mais tous les sites de téléchargement de bibles ont été fermés.
Le pouvoir fait aussi la chasse aux «missionnaires», ces chrétiens venus d'autres régions pour travailler et évangéliser. Si l'on découvre que leur activité a un lien avec le christianisme ou qu'ils embauchent des chrétiens d'origine musulmane, ils sont immédiatement chassés. Régulièrement, des entrepreneurs et leur personnel sont interrogés par la police. Les interrogatoires peuvent durer jusqu'à 3 jours.
Les autorités craignent que si les musulmans se convertissent au christianisme cela ne crée des troubles sociaux qui porteraient préjudice à leur grand projet: celui de Nouvelle Route de la Soie («Belt and Road Initiative» ou «Initiative Ceinture et Route» en français). Un investissement de grande envergure censé relier la Chine à l'Asie Centrale.
Acculés par les restrictions et l'extrême surveillance dont ils font l'objet, les chrétiens finissent par opter pour la clandestinité et se réunissent en secret.