Tony Botros est demeuré fidèle à sa vocation. Malgré la guerre et la persécution, ce prêtre est resté en Syrie. Et cela a encouragé les membres de son église à rester aussi.
Dans un pays qui a déjà connu plus de 10 ans de guerre, Tony s'est occupé de son église et s’est efforcé de répondre aux besoins de la population. Comment fait-il pour tenir bon? En répondant à cette question, Tony Botros tend le doigt vers le ciel: «C'est de là que je puise ma force.» Une force qu’il communique à ses paroissiens afin qu’ils restent en Syrie.
Aider les chrétiens à rester
Tony a connu Portes Ouvertes grâce à un pasteur de la région: «Votre organisation distribue de l'aide aux villages dans lesquels je sers, pour 147 familles chrétiennes», explique-il avant de préciser:
«Tant que vous continuerez à nous soutenir, nous continuerons à les aider spirituellement et financièrement.»
Tony est né et a été élevé dans une famille pauvre. Il a toujours eu un cœur pour les moins favorisés: «Je sais que tous les chrétiens ici sont des agriculteurs et ont un besoin urgent d'aide. C'est pourquoi nous apprécions votre soutien. Je considère que nous travaillons tous ensemble sur le terrain et qu’ainsi nous servons Jésus.»
Affermir le reste qui est près de mourir
Tony a vécu une expérience très traumatisante pendant son ministère: «Un dimanche de juin 2015, je me suis réveillé avec le sentiment que quelque chose de mauvais était sur le point d'arriver. Alors que je me trouvais dans l'église de Samma avec les fidèles, 6 djihadistes de Jabhat Al Nusra (Front pour la Victoire) sont entrés et ont commencé à tirer et à nous terroriser.» Puis ils ont kidnappé Tony: «Je suis resté captif pendant 35 jours, les jours les plus durs de ma vie.»
Le dernier jour avant sa libération, Tony était en train de prier:
«J'ai vu une lumière vive dans ma chambre et une main douce a touché mon épaule. J'ai été immédiatement réconforté.»
Le soir-même, ses ravisseurs lui ont annoncé qu'ils le libéreraient le lendemain. Ils l'ont remis le matin suivant à un cheikh druze, ami de Tony, qui l'a ramené à sa famille. Tony allait pouvoir poursuivre sa mission: affermir le reste qui est près de mourir (Apocalypse 3.2).
À son retour à Shahba, la population lui a réservé un accueil inoubliable: «Je n'avais jamais imaginé que les fidèles m'aimaient à ce point. On m'a déposé sur la place du village, et j'ai marché jusqu'à l'église. Toute la route était remplie de chrétiens enthousiastes qui louaient Dieu et m'accueillaient avec des fleurs et de la musique. Je considère cela comme une grâce de Dieu: si nous sommes attachés à Lui, cela se verra à travers nos fruits.»
Tony parle de l'effet destructeur de la guerre sur son église: «Notre principal défi aujourd'hui est le manque de jeunes. Cette génération a été négligée à cause de la guerre. Ils ont fui le pays dès qu'ils ont pu, échappant au service militaire ou cherchant une vie meilleure à l'étranger. Nous manquons cruellement de jeunes et j'accorde désormais une attention particulière aux enfants.» Mais attention, il ne s'agit pas de leur proposer n'importe quoi. Tony insiste: «Nous ne devons pas nous contenter de les divertir, mais nous devons leur offrir des perspectives spirituelles: nous devons leur apprendre la Bible et ses valeurs.»
Tant qu’il y aura des chrétiens…
La Covid-19 a entravé une partie de ce travail auprès les enfants: «Nous avions l'habitude d'organiser des camps d'été où nous étudiions la bible avec les plus jeunes. Malheureusement, nous avons arrêté à cause de la pandémie. Je prie pour que ces camps reprennent Qu’ils leur donnent la motivation nécessaire pour rester ici et servir le Seigneur. Pour être honnête, il est difficile pour un chrétien de réussir dans une communauté non-chrétienne où il connaîtra la concurrence et la persécution. J'encourage les jeunes à suivre leur vocation. Je ne peux pas leur dire de partir ou de rester, mais je sais que je m'engage à rester ici.» Tony tient à accomplir jusqu'au bout la mission que le Seigneur lui a confiée:
«Si un seul chrétien reste dans cette région, je resterai pour lui et je le servirai ici.»
Tony parvient à rester fort au milieu des difficultés des chrétiens dans le Sud de la Syrie. C'est parfois difficile, mais Tony aime sa région et espère que la situation s'améliorera. Il est un berger qui s'occupe fidèlement des brebis de Dieu.
Tony est le prêtre de 67 ans de l'église catholique de Shahba-Suwayda. Il a une femme, 3 enfants, un fils et 2 filles, toutes 2 mariées et mères de famille.