À travers les persécutions qu’ils peuvent subir au cours du ramadan, les chrétiens syriens s'efforcent d'être des témoins de Jésus auprès des musulmans.
Le ramadan, le mois sacré des musulmans, a débuté. Pour les fidèles de l’islam, c’est le début d’un mois de jeûne, qui va durer du soir du 10 mars, au coucher du soleil le 8 avril. En Syrie comme ailleurs en terre d’islam, la faim, la soif et le manque de nicotine peuvent provoquer les mouvements d’humeur de certains musulmans, vis-à-vis des chrétiens qui ne jeûnent pas.
«Tout déclenche sa colère!»
Ward (pseudonyme), une chrétienne de 35 ans originaire d'Alep, témoigne:
«Pour moi, le ramadan est le mois où je suis insultée par mon manager.»
Elle précise: «Il jeûne et lutte donc contre sa dépendance à la cigarette. Il vient souvent à mon bureau et se dispute avec moi pour un rien. Tout déclenche sa colère!» Ward décrit le ramadan comme un mois au cours duquel elle est soumise à différentes sortes de persécutions verbales. Mais aussi de discriminations. Habituellement, les entreprises accordent à leurs employés une prime avant l'Aïd al-Fitr, la fête de rupture du jeûne à la fin du mois de Ramadan. Un peu comme une prime de Noël. Mais Ward ne reçoit rien. Et quand un jour elle a demandé pourquoi, on lui a répondu: «Il est interdit de donner de l’argent à Al Fitr aux infidèles!»
«Nous devons faire attention»
Comme Ward, Reem, 25 ans, chrétienne de Damas, n’a guère d’autre choix que d’accepter insultes et discriminations: «Je vis ici et la plupart de mes amis et voisins sont musulmans, c’est donc comme ça», explique-t-elle. Avant de préciser: «Nous devons faire attention à nos habitudes au cours de ce mois.» Et ce n'est pas si simple… Reem raconte qu’un jour elle a oublié que c’était le ramadan et elle a bu de l'eau en pleine rue. C'était comme si les portes de l'enfer s'ouvraient à cause des regards remplis de colère qui étaient posés sur elle: «J'ai baissé la tête et je me suis vite éloignée des témoins de mon acte interdit.» Mais l’un d’eux n’a pu s’empêcher en la croisant de lui marmonner un verset du Coran: «Si vous êtes éprouvé et êtes devenu pécheur, alors cachez-vous et ne vous vantez pas de vos péchés!»
La plupart des chrétiens en Syrie font preuve de prudence et de discrétion. Comme les musulmans, ils jeûnent en public. Et quand ils veulent boire ou manger, ils le font à l’abri des regards indiscrets, sans aucun musulman à proximité.
Reem relate une mauvaise expérience que sa mère a vécue en achetant des produits alimentaires pendant le ramadan: «Elle achetait des épices sur le vieux marché de Damas au début du mois de jeûne et elle ne savait pas que cela avait commencé. Alors elle a pris un peu de cumin et l'a goûté, ce qui a mis le vendeur tellement en colère qu'il a refusé de lui en vendre.»
«J’aime beaucoup le ramadan»
Pour d’autres chrétiens, le ramadan peut être au contraire synonyme de bonnes expériences. Sarah, une étudiante de 21 ans originaire d'Alep, témoigne: «J'aime beaucoup le ramadan. Au cours de ce mois, je me sens très "spéciale".» Elle précise:
«Certains de mes amis musulmans de l'université "traînent" avec moi parce qu'ils peuvent manger et boire en ma présence, sans craindre les regards réprobateurs.»
Cela montre que certains musulmans ne jeûnent pas et que cela leur permet de se sentir plus proches des chrétiens. Avec nos frères et sœurs persécutés, soyons des témoins et des intercesseurs auprès de nos voisins musulmans!