Pauvres et sans abri, moqués, discriminés et… aveugles! Existe-t-il pire condition humaine dans la société indienne? Le pasteur Suman recueille ceux de qui les gens détournent le visage.
«Je pense qu’il va pleuvoir. Il va falloir nous dépêcher!», lance Suman à son épouse Sarah. Suman et Sarah (pseudonymes), deux chrétiens d'Inde, disent au revoir à leurs amis après une réunion de prière et enfourchent leur moto. Le couple essaie de rentrer au plus vite. Trop tard! Il pleut à verse. Comme ils n’ont pas d’imperméable, Suman et Sarah se réfugient sous un petit pont. Il fait nuit, mais ils remarquent qu’ils ne sont pas seuls. Un autre couple est là, sans vêtements chauds. L'homme et la femme sont blottis l’un contre l’autre. Il s’agit de Raju et Seema (pseudonymes), tous deux aveugles. En fait, ils sont sans abri depuis… trois ans!
Quand Dieu déverse sa compassion
En voyant leur état et leur vulnérabilité, Suman et Sarah sont remplis de compassion. Ils rentrent à moto chez eux malgré la pluie et rapportent des couvertures qu’ils donnent au couple d’aveugles. Quelques jours plus tard, Suman revient sous le petit pont. Il propose à Raju et Seema de les héberger jusqu’à ce qu’il leur trouve un logement dont il paiera lui-même le loyer.
Deux ans se sont écoulés: «Lorsque nous avons rencontré Suman, nous étions étonnés», raconte Raju avec émotion.
«Comment cet inconnu pouvait-il être si gentil avec nous? Il a parlé de Jésus et nous avons senti que nous venions de trouver la vérité! Nous avons décidé d’accepter la foi chrétienne.»
Comme une grande famille aimante
Depuis, Suman a rencontré d’autres aveugles misérables et les a amenés dans la maison où vivaient Raju et sa femme. Des partenaires de Portes Ouvertes ont rencontré récemment le pasteur Suman. Ils ont décidé de soutenir le foyer des aveugles, qui devenait trop petit. Un logement plus spacieux a été trouvé. «Aujourd’hui, nous sommes douze aveugles, dont huit ont accepté Jésus. Nous vivons ici comme une grande famille aimante et nous sommes reconnaissants à Dieu», dit Raju. Comme les aveugles avaient aussi besoin de gagner leur vie, les partenaires de Portes Ouvertes leur ont fourni un système qui les aide à fabriquer des paillassons en coco. Une petite entreprise de fabrication et de vente de produits d’entretien a été lancée.
Un ministère surveillé
«Les aveugles qui vivent ici et qui suivent Jésus ne seraient jamais plus acceptés dans la société car les gens sont très opposés aux chrétiens. Notre travail est toujours surveillé. Nous faisons donc attention à ne jamais chanter bruyamment et nous ne parlons pas de notre foi à nos voisins. Si nos activités chrétiennes étaient remarquées, nos vies pourraient être en danger. Quand nous, les chrétiens, nous aidons les pauvres en Inde, on nous accuse de vouloir les convertir. On nous soupçonne de recevoir de l’argent comme récompense des pays étrangers si nous convertissons les gens au christianisme», confie Suman d’un air grave. Mais il ajoute avec enthousiasme:
«Malgré le risque, c’est notre vision: offrir à des aveugles comme Raju et Seema l’espoir et la possibilité de vivre dans la dignité. Sinon, la société les jugerait inutiles et les obligerait à mendier dans la rue.»
Suman conclue: «Je suis heureux que les partenaires de Portes Ouvertes nous aient aidés à réaliser cette vision.»