Lors d'une attaque de Boko Haram, Manga, chrétien du Nigéria, a vu mourir son père et a été laissé pour mort par ses agresseurs pour avoir refusé de renier Jésus.
«Le 2 octobre 2012, j’avais à peine 20 ans et j’étais étudiant en première année. Alors que je revenais de l’université, ma mère préparait le dîner. C’est alors que nous avons entendu comme un bruit de tonnerre: c’étaient des hommes armés de Boko Haram!»
Renier Jésus? Impossible!
«Ils ont fait irruption dans la maison et ont exigé de leur donner tout ce qui avait de la valeur. Ils ont tout dérobé et l’ont mis dans leur camion. Ils nous ont alors appelés, mon frère cadet et moi, et nous ont fait sortir de la maison. Ils ont dit à ma mère et aux plus petits de s’enfermer dans une autre pièce. Puis ils ont demandé à mon père et à nous deux si nous étions prêts à renier Jésus et à embrasser l’islam. Mais mon père a refusé. Alors ils nous ont dit: “Nous allons vous tuer.” Je leur ai répondu: “Si vous nous tuez, qu’est-ce que vous y gagnez ?”
Furieux, ils m’ont frappé avec la crosse du fusil, puis ils ont pris mon père et l’ont assassiné. Ils l’ont décapité et ont mis sa tête sur son ventre, devant mes yeux. Puis ils ont essayé de décapiter mon frère, qu’ils ont laissé pour mort. Pendant ce temps, d’autres le frappaient et le piétinaient. Ils ont fait la même chose avec moi. Ils ont pris un autre couteau, avec des dents de scie et ils ont essayé de me couper le cou.»
«À ce moment précis, j’ai pensé à Jésus quand il a été cloué sur la croix et j’ai fait mienne sa prière: “Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.”»
«J’ai aussi prié avec le Psaume 118: “Je ne mourrai pas, mais je vivrai pour proclamer la gloire de l’Éternel.” Je ne savais pas si j’allais survivre, mais j’ai prié quand même. Quand ils ont eu fini avec leur couteau, j’avais perdu beaucoup de sang et ils m’ont laissé pour mort.»
Les médecins avaient abandonné
«Les hommes de Boko Haram ont fabriqué une bombe qu’ils ont accrochée au portail de notre maison. Malgré tout, quelques voisins ont eu le courage de s’approcher de notre propriété et ils ont entendu ma mère pleurer. Ils ont dû abattre une cloison de la maison pour éviter la bombe et venir nous aider. Puis ils ont appelé les services de sécurité. Cette attaque avait commencé à 19h30 et il était plus de 23 h. Quand les forces de sécurité sont arrivées, elles ont dû sécuriser le quartier.
Pendant ce temps, à l’hôpital, il n’y avait plus de sang et il a fallu en collecter. Quand les soignants m’ont vu, ils ont considéré que j’étais déjà mort et ils se sont occupés de mon frère. Ma mère leur a dit que son mari était mort et elle a imploré: “Faites ce que vous pouvez pour sauver mes deux fils!”
Ils nous ont amenés dans la salle d’opération et ont sauvé mon frère. Vu l’état dans lequel je me trouvais, ils ont dû faire venir des chirurgiens expérimentés, qui ont tout essayé. Mais rien n'y faisait et ils ont dû laisser tomber.
Et voilà qu'au moment de sortir, l’électrocardiogramme a montré que mon cœur battait de nouveau. Jésus était à l'œuvre!
Les médecins étaient musulmans, mais l’un d’entre eux m’a dit:
“Ton Dieu est un Dieu vivant! Nous avions décidé de t’abandonner, mais ton Dieu, lui, ne t’a pas abandonné !”
Ce médecin a été émerveillé de voir avec quelle rapidité je m'étais remis de l’opération!»
Persécutés pour leur identité en Jésus-Christ
«Une chrétienne de mon village m’a transmis une parole inspirée de l’apôtre Jacques : “Considérez tout cela comme une joie, quand on vous persécute.” (cf. Jacques 1.2) Mais moi, je me suis demandé: “Pourquoi me réjouir d’être persécuté ?” Le temps est passé et je me suis souvenu que j’avais prié pour être sauvé: j’ai pris conscience que j’étais vivant parce que Dieu l’avait décidé. Un jour, gloire à Dieu!, je suis sorti de l’hôpital et nous avons quitté la région, pour démarrer une nouvelle vie.
Quelque temps après, ma mère a été kidnappée par le même groupe de Boko Haram. Elle et d’autres femmes ont été détenues dans une forêt. Mais grâce à l’intercession et au jeûne des frères et sœurs, elle a été libérée et elle est aujourd’hui de nouveau à la maison avec nous. Dans Timothée 3.12, il est dit que tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés. Ce qui veut dire que si nous gardons notre identité de chrétiens, nous serons toujours persécutés, d’une façon ou d’une autre.
Puis les partenaires de Portes Ouvertes sont intervenus de différentes manières. Ils nous ont encouragés, ont prié pour nous, nous ont apporté de la nourriture. Ils nous ont soutenus financièrement pour que nous poursuivions nos études. Et aujourd’hui, gloire à Dieu !, je suis diplômé de l’université.»
Violence accrue dans tout le pays
«La situation au Nigéria ne cesse de s’aggraver. Si vous êtes chrétien vous ne pouvez pas vous inscrire à l’université ou vous ne pouvez pas avoir de travail. Ceci parce que ceux qui détiennent l’autorité sont musulmans.
Quand vous êtes paysan, on va lâcher du bétail sur vos terres pour qu’il mange vos récoltes. Si on se rebiffe, on sort le couteau pour nous tuer. On ne peut pas se plaindre aux autorités, car ils sont tous musulmans et on leur enseigne que tuer un chrétien est un honneur. Nous devons donc sans arrêt fuir pour survivre.
La situation réelle du Nigéria dépasse tout ce qu’on peut lire sur internet. Comment combattre une situation rongée par la corruption et le mal? Les seules choses sur lesquelles nous pouvons nous appuyer, c’est la parole de Dieu et vos prières. La situation nous dépasse mais nous savons que notre Dieu est un Dieu vivant qui peut faire basculer la situation en un clin d’œil. Et même s’il ne le faisait pas, nous lui resterions fidèles. Alors continuez à prier pour nous, c’est la meilleure chose que vous puissiez faire pour le Nigéria.
«Je ne suis pas seulement un témoin, mais je vis une deuxième vie!»
Faisons de notre mieux pour l’œuvre de Dieu, pour l’honorer avec notre vie. Que la faim et la soif de Dieu soient encore plus dans votre cœur.»
Manga, chrétien du Nigéria (témoignage recueilli lors du Week-End Annuel 2022)