Fonder légalement un foyer ou enfreindre la loi ? Dur dilemme pour Nora, chrétienne d’arrière-plan musulman. En Malaisie, la loi islamique lui interdit d’épouser un chrétien. Sa volonté de suivre Christ a bouleversé ses choix de vie et sa foi l'aide à surmonter des épreuves douloureuses.
«Register.» Le mot qui signifie résister en patois vivarais est gravé sur une pierre en haut de la Tour de Constance. Il est aussi gravé dans le coeur de Nora. Cette chrétienne de Malaisie est prête à payer le prix pour suivre Jésus. Sa vie de famille en est profondément bouleversée mais elle persévère.
En Malaisie, la loi interdit à quiconque d’annoncer l’Évangile au peuple malais. Pour cette raison, il ne s’est trouvé personne pour parler de Jésus à Nora. Mais Dieu un jour... «Lorsque j’ai commencé à travailler, j’ai rencontré Daniel, mon futur mari. Daniel était chrétien et m’a emmenée à l’église. J’ai appris à connaître Jésus et j’ai décidé de le suivre», dit Nora. Un choix qui allait bouleverser sa vie et soulever bien des questions, jusqu'à menacer ses fiançailles. Nora était-elle prête à supporter les vexations, les moqueries, le mépris... ? Humainement, c'était courir à l'échec. Cependant, la foi grandissait dans le coeur de Nora. Une foi qui allait l'aider à surmonter ses épreuves.
Un parcours du combattant pour se marier
Daniel et Nora ont décidé de se marier et ils en ont informé le pasteur. Mais celui-ci a refusé par crainte des autorités, disant que Daniel devait… se convertir à l’islam ! Pourquoi ? Sur sa carte d’identité, Nora est née musulmane et le reste officiellement. En Malaisie, les non-musulmans doivent se convertir à l’islam pour épouser un conjoint musulman. Si Nora se déclare chrétienne, c’est une apostasie. Si Daniel ne devient pas musulman, leur union est illégale. Deux raisons pour être inculpés devant le tribunal de la charia. Nora a résisté au pasteur :
«Je ne veux pas que Daniel change de religion. C’est moi qui veux changer. Nous sommes tous les deux chrétiens et nous voulons un mariage chrétien.»
Nouveau refus.
Par l’intermédiaire d’un ami, Daniel et Nora ont trouvé une église fondée par le pasteur Ishak (pseudonyme), un malais d’arrière-plan musulman, comme Nora. Après une année pendant laquelle leur foi et leur fidélité ont été mises à l’épreuve, Nora a été baptisée en juin 2008 et le mariage a eu lieu en décembre de la même année.
Un mariage dans la foi et les larmes
Nora n’a pas pu inviter sa famille. Ses parents ignorent qu’elle a quitté l’islam.
«Mes frères et sœurs peuvent me faire arrêter et m’exclure de la famille. Je ne parle pas de ma foi, non par peur, mais pour ne pas perdre ma relation avec ma famille et surtout avec mes parents âgés.»
Le pasteur Ishak se souvient de cette journée de noces où il a dit à l’assemblée : «Pauvre Nora ! C’est le jour béni de son mariage et elle ne peut pas le partager à ses parents.» Mais pour Nora, la foi a triomphé de la tristesse. En choisissant un mari chrétien, elle a mis Jésus à la première place dans sa vie et elle a trouvé plus qu'une famille : une communauté chrétienne. Bien sûr, il y a un prix à payer. Mais en contrepartie, la foi en Christ a une valeur inestimable. Et c'est sa priorité.
Renoncer aux enfants
Pour les chrétiens d’arrière-plan musulman, la question du mariage est un énorme problème en Malaisie. Pas de mariage validé, pas de conjoint officiel, pas d’enfants légalement reconnus. Nora et Daniel sont maintenant mariés depuis 10 ans, mais ils n’ont pas d’enfants.
«Mon mari est chrétien. Je suis née musulmane. Nous nous sommes mariés à l'église. Sans mariage civil, notre union n'est pas officielle. Si j'avais des enfants, les autorités islamiques me les enlèveraient en découvrant que je suis chrétienne. Avoir des enfants est impensable pour nous.»
L’absence d’enfants est une souffrance continuelle qui touche profondément le cœur de Nora : «Échanger la foi chrétienne de mon mari et en faire un musulman, juste pour avoir des enfants ? Hors de question!» Nora s'est attachée à Dieu, au point d'accepter de ne pas avoir d'enfant et de priver son mari d'être père. Nora trouve l’espoir et la force de persévérer : «La Parole de Dieu me fortifie et m’aide à considérer les enfants des autres comme s’ils étaient les miens», dit-elle. C'est sa foi qui parle et qui prend le dessus.
(Nora est un pseudonyme)